En attendant l’ «offre » du PCF

Les discussions continuent au sein de la gauche radicale. Elles sont toutefois suspendues à la décision que doit prendre ce week-end le conseil national du parti de Mme Buffet.

Michel Soudais  • 22 octobre 2009 abonné·es
En attendant l’ «offre » du PCF

Le parti communiste lève le voile ce week-end. C’est samedi en effet que se réunit son conseil national pour arrêter la stratégie que le PCF mettra en œuvre aux régionales. Dans la langue des camarades, le plan de marche que Marie-George Buffet et ses amis vont soumettre à l’approbation des militants communistes et adresser « à l’ensemble des organisations de gauche concernées » est connu sous l’appellation d’ « offre politique nationale » . Jusqu’à sa présentation sous la coupole de l’immeuble d’Oscar Niemeyer, le contenu de cette « offre » aura été bien préservé.

S’il semble acquis que la direction du PCF souhaite s’engager au premier tour dans la présentation de listes de rassemblement à gauche, indépendantes du PS et d’Europe Écologie, les hypothèses restent ouvertes sur le périmètre de ce rassemblement. Reconduction du Front de gauche ? Front de gauche élargi à quelques petites organisations (Alternatifs, Fédération…) ? Ou alliance de la gauche de gauche, du PCF au Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ?
Pour explorer cette perspective, le PCF a accepté fin septembre de participer à des réunions de travail avec le NPA, incluant le Parti de gauche, la Gauche unitaire (GU), les Alternatifs, la Fédération pour une alternative sociale et écologique (FASE), mais également le M’pep et République et socialisme. Deux réunions se sont déjà tenues, depuis la rencontre initiale du 28 septembre. Et les participants ont convenu, vendredi, de deux nouvelles réunions, après le conseil national du PCF, ce qui montre au moins que l’hypothèse d’une large alliance de la gauche de gauche est, comme le dit Guillaume Liégard, « toujours en course » . Selon ce membre du comité exécutif du NPA, il s’agira, le 28 octobre, de « discuter des éléments liés au premier tour » et, le 2 novembre, des « éléments d’un programme de rupture ».

La dernière rencontre, le 16 octobre, a-t-elle permis d’avancer dans une discussion dont le PCF estimait qu’elle « tournait en rond »  ? Il semble bien que oui. Le PCF avait transmis à chaque organisation un texte pour « clarifier par écrit quelques points qui [lui] paraissent être des “incontournables” » . Il s’agissait d’abord de vérifier que « l’ambition majoritaire » de listes de toute la gauche de gauche, «  tout faire pour empêcher la droite de reconquérir le pouvoir dans les régions, tout faire pour créer les conditions de majorités régionales susceptibles de mettre en œuvre des politiques de rupture avec les choix sarkozystes et les logiques libérales » , était partagée et devait bien « être placée au centre de [la] bataille » que mèneraient de telles listes. Aucun désaccord ne s’est manifesté sur ce point, attestent les participants.

Le PCF demandait aussi que ces listes disent « avant le premier tour qu’elles travailleront au second tour sans aucune ambiguïté au rassemblement et à la fusion de toutes les listes de gauche et écologistes » . Ce point ne fait pas plus de problème, le NPA acceptant le principe des « fusions démocratiques » (le rassemblement se fait sur la base du résultat de chaque liste au premier tour).

Dernier point que souhaitait ­éclaircir le PCF : ces listes doivent dire aussi avant le premier tour qu’elles sont prêtes à aller «  jusqu’à la participation aux exécutifs, à l’exclusion de toute participation du MoDem, si les conditions existent de mettre en œuvre » les objectifs qu’elles se sont donnés. Sur ce point encore, la discussion n’a révélé aucun obstacle à un accord, notent tous les participants. Tous, sauf… le PCF. Ce dernier a donc refusé lundi d’approuver le compte rendu collectif de la réunion. Sur la question des exécutifs, celui-ci indiquait qu’ « aucune des forces du groupe de travail ne dit “jamais par principe”, aucune ne dit “toujours” » . Il précisait aussi que le NPA ne fait pas de « la question des exécutifs un préalable à la poursuite de la discussion » et que celle-ci est, pour lui, «  une conséquence du débat programmatique, pas un point de départ ».
« Si un électeur de gauche était venu ce soir dans la salle demander ce qui pouvait nous empêcher de faire l’unité, aucune délégation n’aurait été en mesure de lui donner une raison qu’il puisse comprendre » , nous confiait un participant vendredi soir. Le PCF s’est-il ravisé pendant le week-end ? Hésite-t-il toujours entre le PS et la gauche de ce dernier ? Ou cherche-t-il plus simplement à laisser le NPA à la porte d’un Front de gauche élargi ?

Les débats de son conseil national permettront sûrement de répondre à ces questions. Toutefois, quelle que soit l’offre qui en sortira, aucune décision définitive sur les régionales ne sortira de ce week-end : les militants communistes devront encore se prononcer dans la deuxième moitié de novembre. Et, comme leurs statuts le permettent, il est possible que dans plusieurs régions les camarades fassent un choix différent de celui de Mme Buffet et ses amis.

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