La magie napolitaine

Luciano Travaglino présente un réjouissant « Sik-Sik » de De Filippo.

Gilles Costaz  • 4 février 2010 abonné·es

À Montreuil, dans un quartier populaire, le théâtre de la Girandole est un lieu comme on n’en fait plus. Un couloir, un bar, une petite salle, et des spectacles modestes et fraternels. Luciano Travaglino a travaillé avec Dario Fo. Pourquoi est-il resté en France ? Pour transmettre cette insolence chaleureuse, amoureuse des petites gens, qui nourrit souvent le théâtre italien.

Après les textes politiques de Jean-Pierre Leonardini, Travaglino monte S ik-Sik, le maître de magie d’Eduardo De Filippo, dans la belle traduction d’Huguette Hatem. De Filippo, c’est l’esprit de ­Naples, où l’on triche toujours un peu pour survivre et donner un meilleur goût à la vie. Sik-Sik est un ­piètre magicien, pas comme le personnage d’une autre pièce de l’auteur, la Grande Magie, qui enlève une femme dans son sarcophage truqué. Non, lui, quand il place son épouse dans la « malle sanglante », il ne la découpe pas en morceaux, mais ne parvient pas à la faire sortir en catimini ; la pauvre femme reste bloquée dans le coffre…

Sik-Sik est un grand sketch qui est aussi une belle pièce sur Naples, et son âme joueuse et tourmentée. C’est l’esprit de la « varietà », à mi-chemin entre le théâtre et le music-hall. Luciano Travaglino est un merveilleux comédien qui, d’un geste, d’une intonation, déplace subtilement l’émotion et la situation. Entouré d’acteurs et de musiciens, il tord le cou à l’esprit de sérieux et à l’arrogance.

Culture
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