Des bacheliers dakarois manifestent au Forum Social Mondial

« Nous sommes les bacheliers à qui on refuse l’accès à l’université, le droit à l’éducation ». La pancarte ne saurait être plus claire.

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Depuis bientôt quatre mois, des bacheliers manifestent dans les rues dans l’attente d’une place à l’Université Cheikh Anta Diop. Le forum social mondial (FSM) est l’occasion pour eux de se donner plus de visibilité. « J’ai eu mon baccalauréat en juillet 2010 et avec une mention. Je me destinais à étudier la géographie. Au lieu de cela, l’Etat nous a renvoyé dans la rue. Il veut que nous devenions des voyous, des maçons, des mendiants. Ce que vous voyez là, ce sont des fils de paysans et des fils de pêcheurs, des enfants du Sud. Nous avons des chaînes qui nous retiennent en bas de l’échelle sociale » lance Amadou, un bachelier dépité.

Entre 500 et 2000 bacheliers seraient dans cette situation intenable. Chaque jour, une délégation se rend dans le bureau du recteur de l’université pour faire valoir ses droits. « Il ne veut pas entendre notre message, il se contente de nous dire qu’il n’y a plus de places. Sa seule réponse est la violence des gardes de la sécurité. Pourtant, nous savons que son argument ne tient pas. Chaque semaine, de nouveaux étudiants d’autres pays d’Afrique de l’Ouest s’inscrivent sans difficulté » ajoute Sarani un étudiant venu soutenir le mouvement. La corruption règnerait en maître absolu dans cette université qui se voit déjà comme une université d’excellence. Cinq autres universités ont été créées récemment à cet effet, notamment celle de Thiès ou celle de Saint-Louis.

Le baccalauréat est le seul critère qui permette d’accéder à l’Université mais au Sénégal cela ne semble pas suffire. « La politique éducative n’est pas à la hauteur et, qui plus est, élitiste. Ils ne veulent pas que nous soyons les dirigeants de demain. Alors que la Banque Mondiale a fixé la barre à 200 000 étudiants, on en compte aujourd’hui 100 000 et c’est le désordre depuis 5 ans, l’Etat n’a pas les moyens de sa politique. Dans cette histoire, les lésés sont les plus pauvres. Nos familles espèrent beaucoup de nous, nous voulons entrer à l’Université, nous demandons le soutien des participants du Forum Social Mondial » conclut un des porte-paroles du mouvement. « Le savoir est un bien commun de l’humanité. Il faut défendre l’accès au savoir pour tous » rétorque un participant du FSM venu à la manifestation. A suivre…

Céline Trégon

Temps de lecture : 2 minutes
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