2e débat de la primaire du PS : plus de piquant

Le deuxième débat entre les six candidats à la primaire socialiste n’a pas révolutionné le genre. Chacun a cependant affirmé ses positions avec plus de fermeté, Manuel Valls et Arnaud Montebourg en tête.

Denis Sieffert  • 29 septembre 2011
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2e débat de la primaire du PS : plus de piquant
© Photo : Fred Dufour / AFP

Bis repetita . Comme lors du précédent rendez-vous, Ségolène Royal a raté la première marche du débat de mercredi soir, le deuxième d’une série de trois qui oppose les six candidats à la candidature, cinq socialistes, et l’intrus radical, Jean-Michel Baylet. Trop compassée, Ségolène Royal a récité son texte, court-circuitant le journaliste d’un « Chers compatriotes » adressé à la France entière. Comme la première fois, ses rivaux sont mieux entrés dans le débat. Mais la dame avait arboré une veste rouge qui augurait d’un spectaculaire tournant à gauche. Dès sa deuxième intervention, elle passe durement à l’offensive : « Entrée de l’Etat dans le capital des entreprises stratégiques » , qu’elle distingue de la « nationalisation »  ; « interdiction des licenciements boursiers » .

Le sang de Manuel Valls ne fait qu’un tour : « Toute mesure dirigiste qui nous ramène en arrière… » Le jeune homme habite crânement son rôle de chef de file de l’aile droite. « Ce n’est pas avec des mesures administratives… » . Arnaud Montebourg vole au secours de Ségolène Royal. Il rappelle que «  L’OMC a pris 290 mesures protectionnistes contre nous, et les seuls naïfs, ce seraient les Européens… » . Il veut « nous protéger contre l’extérieur » . « Non aux mesures étatistes qui ont cinquante ans » , intervient Jean-Michel Baylet. Une alliance Valls-Baylet se dessine dont on n’est pas sûr qu’elle serve le jeune chantre de la « modernité néo-libérale ». Dans l’adversité, Ségolène se chauffe. Elle récuse le procès en passéisme : « Il y a cinquante ans, la finance n’avait pas pris le pouvoir… » .

Perché sur son Aventin de favori des sondages, François Hollande ne manque pas une occasion de juger le débat : « Il y a des idées » , commente-t-il. « La politique commerciale, Arnaud, ce n’est pas la France qui la décide, c’est l’Europe » . Hollande reprend toutes les propositions. « Il fait la synthèse » , ironise in petto Valls. « Rechercher de la justice dans la fiscalité, cela nous unit tous » , conclut provisoirement Martine Aubry en quête de consensus.

C’est raté. Car voilà, après cinquante minutes de débat, que l’affaire tourne au vinaigre entre Montebourg et Valls. La TVA sociale vantée par le député de l’Essonne ? « Une mesure de droite dans une primaire de gauche » , commente sèchement Montebourg. « Attention, c’est un peu facile » . « Mais c’est un fait , insiste Montebourg, c’est une proposition de François Fillon » . Les deux hommes se toisent. Passons à autre chose. Martine Aubry tente de reprendre de la hauteur. Elle ne manque pas une occasion de souligner les points de convergence : « Nous sommes tous d’accord sur une réforme fiscale » … Mais, toute consensuelle qu’elle est — ou qu’elle a voulu paraître —, Martine Aubry n’a pas été à l’abri d’un mauvais coup. L’ex-Première secrétaire a été rudement secouée par l’attaque d’Arnaud Montebourg à propos de l’affaire Guérini, le président socialiste du conseil général des Bouches-du-Rhône. Faut-il attendre le jugement d’un tribunal pour qu’un parti mette à l’écart l’un de ses responsables ? Ou faut-il respecter jusqu’au bout la présomption d’innocence ?

Au total, ce deuxième débat a creusé un peu plus nettement encore les clivages. Une aile gauche, incarnée avec talent par Montebourg, rejoint par Ségolène Royal qui a donné un grand coup de barre à gauche. Au moins sur les dossiers sociaux. Une aile très à droite que Manuel Valls représente avec un discours churchillien de la « vérité » et de la « responsabilité » qui s’apparente surtout à un discours de l’adaptation aux marchés. « L’humaniste » Jean-Michel Baylet — c’est ainsi qu’il aime à se définir— navigue dans les mêmes eaux. Mais, rien n’étant simple, Royal dispute aussi à Valls l’antériorité des politiques les plus sécuritaires. Quant à Montebourg, il n’est vraiment pas à l’aise sur le sujet.

Plus complexe est évidemment le positionnement du tandem Hollande-Aubry. On sent que ces deux-là ont beaucoup à perdre. Ils jouent petit bras. L’un et l’autre — chacun à sa manière — se sont employés à paraître au-dessus de la mêlée. Consensuelle, rassembleuse, pour la maire de Lille ; distribuant les bons et les mauvais points pour François Hollande, avec un brin de suffisance. Comme lors du premier débat, il est probable que les candidats aux profils les plus marqués — Montebourg et Valls — auront tiré profit de cette soirée. Le verdict est plus difficile pour Aubry et Hollande. Le second a donné surtout l’impression de vouloir « gérer » son avance. Mais ce n’est que l’avance toute virtuelle que lui accordent les sondages.


1ère partie du deuxième débat des primaires par LCP


2ème partie du deuxième débat des primaires par LCP

Politique
Temps de lecture : 4 minutes
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