Propositions pour un autre audiovisuel

Parti socialiste et Front de gauche veulent garantir l’indépendance des chaînes publiques.

Jean-Claude Renard  • 9 février 2012 abonné·es

Illustration - Propositions pour un autre audiovisuel

C’est un enjeu majeur dans la campagne présidentielle. A fortiori depuis la réforme de l’audiovisuel public imposée par Nicolas Sarkozy en 2008. Députée de Moselle PS, Aurélie Filippetti, en charge de l’audiovisuel et des médias dans la campagne Hollande, et le Front de gauche, par la voix de Jean-François Téaldi, figure historique du SNJ-CGT à France Télévisions, ont présenté leurs programmes respectifs, qui comportent des similitudes, des parallèles et des différences.

Tout le monde s’accorde sur la fin de la nomination des présidents de France Télévisions et de Radio France par le président de la République[^2]. Au PS, on compte réformer les conseils d’administration des entités, avec une représentation du personnel et des parlementaires de la majorité et de l’opposition. Le Front de gauche ajoute une représentation des usagers.
Côté CSA, il se verrait renforcé par le PS dans ses pouvoirs de sanction, notamment sur le respect des obligations des chaînes, et bouleversé dans le mode de nomination de ses membres, qui se voudrait plus « diversifié ». Pour le Front de gauche, le CSA serait tout simplement remplacé par un Conseil national des médias, composé d’élus, de représentants des professionnels et, là encore, d’usagers.

Nerf de la guerre, le financement de l’audiovisuel public est aussi évoqué. Timidement au PS, avec une redevance sur les résidences secondaires, qui serait la moitié de celle de la résidence principale, et une indexation sur l’inflation. La suppression de la publicité après 20 heures serait maintenue. Cette position est partagée par le Front de gauche, qui entrevoit une redevance élevée au niveau européen (autour de 180 euros), « par étapes, modulé en fonction des revenus » , précise Jean-François Téaldi, avec un assujettissement aux résidences secondaires.

En temps de crise, c’est évidemment une proposition qui fait débat. Elle garantirait pourtant une bonne fois pour toutes les finances de l’audiovisuel public. Sur cette question de pérennité, le Front de gauche va plus loin : il entend inscrire ce financement dans la Constitution et préconise un élargissement du prélèvement sur les recettes publicitaires des chaînes privées et sur le chiffre d’affaires des opérateurs de télécommunications. Autre source de recettes : les décrets Tasca, qui empêchent les chaînes publiques de produire et de réaliser la majorité de leurs émissions, seront abrogés, au profit d’un pôle public de production.

Par ailleurs, le PS entend « durcir » les dispositifs anticoncentration en fixant « des plafonds d’audience par groupe ». Excellente initiative, mais sera-t-elle suffisante ? Le Front de gauche opte pour une franche rupture et une loi contre les concentrations « dans la presse, les médias et l’audio­visuel pour les libérer des logiques financières et du diktat de l’audimat », de sorte à garantir « les missions de pluralisme de l’information et de la culture ».

Enfin, outre que le PS et le FG se sont déclarés tous deux contre la fusion RFI/France 24, un détail d’importance : Aurélie Filippetti s’est prononcée pour la création d’une chaîne destinée à la jeunesse, sans publicité (France Télés ayant raté le coche des appels d’offres sur la TNT, France 4 est ainsi visée). Une proposition qui ne fera pas polémique. Tandis que le Front de gauche envisage de revenir sur la concession accordée à TF1, laquelle chaîne ne respecte pas son cahier des charges, et relancerait un appel d’offres pour l’exploitation de cette concession (courant jusqu’en 2022).

Le FG envisage également la création d’un Pôle public des médias, qui réunirait les réseaux de diffusion, de communication et les moyens de production (principalement France Télévisions, Radio France, AEF, l’INA, l’AFP) de sorte à constituer un groupe solide en termes de production et de développement face au privé.

Dans tous les cas, d’une proposition à l’autre (et pour peu que le PS emprunte au FG), il y a matière à mettre en place la réforme audiovisuelle tant attendue.

[^2]: C’est aussi le point de vue d’EELV, évoqué dans un chapitre de son Projet 2012, qui ne consacre que quelques lignes à l’audiovisuel public : l’abrogation de la loi du 5 mars 2009 et un CSA restauré dans ses prérogatives.

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