Associations : le « grand oral »

Cinq candidats ont précisé leurs intentions pour le secteur associatif.

Pauline Graulle  • 15 mars 2012 abonné·es

Les ateliers Christofle, à Saint-Denis (93). À l’initiative de la Conférence permanente des coordinations associatives (CPCA), plusieurs centaines d’acteurs associatifs se sont réunis dans cette ancienne manufacture d’orfèvrerie, samedi 10 mars, pour écouter cinq présidentiables évoquer l’engagement citoyen, le financement des associations et le dialogue entre l’État et la société civile.

Tous ont rappelé l’importance du secteur associatif comme vivier démocratique et vecteur de cohésion sociale – même Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM), porte-parole d’un candidat qui, quelques semaines plus tôt à Annecy, s’en prenait pourtant aux « corps intermédiaires » .

Même si Jean-Luc Mélenchon, François Hollande et François Bayrou sont d’accord pour intégrer le bénévolat dans le cadre de la validation des acquis de l’expérience (VAE), le service civique en revanche est apparu comme un sujet clivant au sein même de la gauche : une « arnaque pour créer un contrat d’intérimaire de plus » , que Jean-Luc Mélenchon supprimerait sans hésiter s’il accédait au pouvoir. François Hollande, lui, le renforcerait à destination de 100 000 jeunes (contre 25 000 aujourd’hui), tandis qu’Eva Joly porterait l’indemnisation à 650 euros (contre 457 euros actuellement).

Sans surprise, le financement a été le sujet le plus épineux, dans un contexte où les subventions de l’État ont baissé de 35 % en cinq ans. Sous les huées, NKM a affirmé qu’ « il n’y a pas de désengagement de l’État » , priant les associations françaises d’aller voir de plus près ce que vivent… leurs homologues grecques ! « Augmentation de postes, de financement… Aucune de ces promesses ne sera honorée   », a sombrement prophétisé François Bayrou.

François Hollande s’est engagé à «  sécuriser  » et à «  stabiliser  » le financement associatif. À chacun d’interpréter… Il a précisé qu’il faudrait «  revoir  » la « circulaire Fillon » qui instaure l’appel d’offres comme mode privilégié de financement public des associations, en lieu et place de subventions. Seule NKM est restée sur les positions de la circulaire : « À partir du moment où les associations sont en concurrence, on les met en responsabilité, du coup elles ne sont pas critiquables » , a-t-elle fait valoir dans un beau syllogisme.

Bilan de ce grand oral ? En demi-teinte pour Didier Minot, du Collectif des associations citoyennes : « On voit pointer des réponses, mais le niveau de précision reste limité. » « Pour aucun des candidats, le tissu associatif n’est un sujet fondamental… Il y a encore du boulot » , a déploré Édith Arnoult-Brill, vice-présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Personne ne s’est en effet aventuré à définir l’intérêt général ou à prendre position sur la recomposition des liens entre public et privé. Des questions pourtant essentielles à l’avenir.

Société Économie
Temps de lecture : 3 minutes

Pour aller plus loin…

« Le RN reste un parti hostile à tout mouvement social »
La Midinale 12 septembre 2025

« Le RN reste un parti hostile à tout mouvement social »

Safia Dahani, docteure en science politique, co-directrice de l’ouvrage Sociologie politique du Rassemblement national aux Presses universitaires du Septentrion, est l’invitée de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
Ce que « Bloquons tout » peut construire en vue du 18 septembre
Décryptage 11 septembre 2025 abonné·es

Ce que « Bloquons tout » peut construire en vue du 18 septembre

Plus de 200 000 personnes se sont mobilisées ce 10 septembre. Des chiffres qui dépassent largement les estimations du gouvernement, même si cela reste peu en comparaison de la lutte contre les retraites. Un tremplin vers la mobilisation intersyndicale du 18 septembre ?
Par Pierre Jequier-Zalc
« Nos enfants qui vivent mieux que nous est une idée très largement menacée »
Entretien 11 septembre 2025 abonné·es

« Nos enfants qui vivent mieux que nous est une idée très largement menacée »

Historienne et spécialiste des mouvements sociaux et des mobilisations féministes, Fanny Gallot appelle à « désandrocentrer » le travail pour appréhender la diversité du secteur reproductif, aujourd’hui en crise.
Par Hugo Boursier
10 septembre : « Pourquoi est-ce toujours aux jeunes des quartiers de rejoindre les mobilisations ? »
Analyse 11 septembre 2025 abonné·es

10 septembre : « Pourquoi est-ce toujours aux jeunes des quartiers de rejoindre les mobilisations ? »

Le 10 septembre devait rassembler tout le monde. Pourtant, les jeunes des quartiers populaires étaient peu représentés. Absents ou oubliés ? Dans les rassemblements, au sein des associations et pour les jeunes eux-mêmes, la question s’est posée.
Par Kamélia Ouaïssa et Pauline Migevant