Les ondes des cités privées de budget

Pivot des stations libres, l’organisme Échanges et productions radiophoniques est frappé par l’austérité.

Alex Robin  • 19 avril 2012 abonné·es

S’il voit venir sa fin, le gouvernement continue consciencieusement la casse sociale entreprise depuis des années. C’est le cas avec Échanges et productions radiophoniques (Epra), organisme peu connu mais d’une grande importance pour les radios libres et les cités. Financé en grande partie par l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (Acsé), il tient le rôle d’agence de presse sonore, achetant aux radios des émissions, sur l’intégration et la politique de la ville, pour les rediffuser auprès de 170 stations en France. L’Epra constitue une ressource financière pour les radios, un écho des cités au plus près du terrain, une mémoire.

Radio Zinzine, en Haute-Provence, rediffuse des émissions d’une multitude de consœurs sur des associations de quartier, des luttes antidiscrimination, des initiatives locales. Des choses rares dans les médias dominants. Les radios locales sont représentées au conseil d’administration de l’Epra par des membres élus, on y trouve Zinzine, Radio Dijon Campus, Oxygène, Clapas, Grésivaudan, Trait d’Union et Radio Radio, aux côtés des représentants des organismes et ministères impliqués, notamment l’Acsè (chargé de l’intégration en France) et le ministère de la Ville, la tutelle principale.

Au fil des gouvernements Sarkozy, les budgets ont baissé. En 2011, le président de l’Epra, Richard Senghor, a été muté et non remplacé. À la suite de la mobilisation des radios concernées, des élus ont interpellé le ministère de la Ville, qui a convoqué un nouveau conseil d’administration le 29 mars dernier. Les radios n’y ont subitement plus de droit de vote, et un nouveau président a été nommé, Hervé Mazurel, un préfet hors cadre assumant la baisse d’un budget ramené d’un million d’euros en 2010 à 570 000 pour 2012, avec seulement 100 000 euros pour les radios. Pour des dizaines d’entre elles, le coup est dur.

La Confédération nationale des radios associatives (CNRA) et le Syndicat national des radios libes (SNRL) notent qu’une telle diminution n’a pas empêché le même ministère d’augmenter de 32 % ses collaborateurs, ni l’Acsé d’augmenter considérablement ses « hauts responsables »…
Une solution pérenne résiderait dans l’ouverture de l’Epra à d’autres thématiques, avec un financement interministériel passant par Matignon. En réalité, la casse de l’Epra est une volonté politique. Il ne tient qu’à ceux qui prétendent se soucier des cités, de « l’intégration » et de la liberté d’expression de se préoccuper de son sauvetage.

Pour toute information : www.sauvons.epra.net et le site de l’Epra : www.gip-epra.fr

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