Révolutions arabes : la longue marche

Denis Sieffert  • 28 juin 2012
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Dix-huit mois après le début du soulèvement tunisien, le monde arabe est plus que jamais sous tension. Après l’illusion lyrique des premières semaines, nous redécouvrons que les processus révolutionnaires sont longs et chaotiques. En Syrie, la violence franchit un nouveau seuil avec un double phénomène de confessionnalisation et de militarisation de la rébellion. Le régime, en proie à des défections, instrumentalise des milices qui répandent la terreur dans les villages sunnites. Une évolution qui n’est pas sans rappeler la guerre civile libanaise (1975-1991). L’autre point chaud, ces jours-ci, est évidemment l’Égypte. L’armée tente de faire refluer la révolution. Elle a fait dissoudre l’Assemblée élue, qui donnait une large majorité aux Frères musulmans, et vidé en partie la fonction présidentielle de ses prérogatives avant de reconnaître enfin la victoire du candidat de la confrérie, Mohammed Morsi. La hiérarchie militaire tente ainsi de conserver ses privilèges.

En Tunisie, la situation semble plus structurée, notamment parce que la société civile et le mouvement syndical ont résisté aux années Ben Ali. Malgré cela, le pays doit faire face à une offensive de la minorité salafiste. En Libye, les élections prévues pour le 7 juillet suscitent un réel engouement, alors que des affrontements meurtriers ont eu lieu dans l’ouest du pays, au sud de Tripoli. À Bahreïn, les manifestations de février et de mars 2011, majoritairement chiites dans un pays dirigé par une dynastie sunnite, ont été durement réprimées. Le régime a reçu l’appui des troupes saoudiennes, l’Arabie Saoudite redoutant la création d’un axe chiite Bahreïn-Iran. Enfin, le Yémen connaît un équilibre précaire après la démission forcée du Président, Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1978. Il faudrait aussi évoquer la situation au Maroc et en Algérie, où les pouvoirs en place ont, pour un temps au moins, désamorcé les mouvements populaires par quelques concessions démocratiques et sociales.

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Révolutions arabes : la longue marche
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