Télévision : Tournez manège

À deux mois de la rentrée, le mercato du petit écran est déjà lancé. Avec son jeu de chaises musicales.

Jean-Claude Renard  • 28 juin 2012 abonné·es

Au terme de la saison 2011, à pareille époque, le petit écran bruissait de l’éviction du duo Éric Naulleau et Éric Zemmour dans l’émission de Laurent Ruquier « On n’est pas couché ». Cette année, la même émission agite les médias et nourrit le feuilleton du mercato de la télévision, avec le départ d’Audrey Pulvar. Venu de Direct 8, auparavant à Canal + et à i-Télé, Aymeric Caron lui succédera à la rentrée.

Déjà écartée de l’antenne sur France Inter, Audrey Pulvar paye sa relation avec Arnaud Montebourg. On aura surtout remarqué au cours de la campagne présidentielle que plusieurs députés UMP, Jean-François Copé en tête, avaient réclamé la tête de la journaliste. Peu se souviennent que, le 3 avril dernier, sur France Inter, Pascale Clark demandait à Arnaud Montebourg s’il envisageait de « renoncer à un ministère pour laisser [sa] compagne Audrey Pulvar exercer son métier ». Le député de Saône-et-Loire avait déclaré : « Bien entendu ! D’ailleurs, je ne me représente pas aux élections législatives, et je défends la candidature d’une femme. » Pascale Clark avait poursuivi : « Vous ne serez donc pas ministre ? » Et Montebourg de répondre à nouveau : « Peu importe. Ce n’est pas mon sujet. Je ne suis pas candidat, et par ailleurs j’aime beaucoup ma femme ! » Aujourd’hui, entre la matinale d’Inter qui lui échappe, son exclusion de l’émission de Ruquier et le refus de Rémy Pflimlin de lui accorder un magazine de société, Audrey Pulvar reste en carafe. Le départ de Laurence Ferrari du JT de TF1 est l’autre « événement » de cette fin de saison. Sans être un hasard. Sa rivalité avec Claire Chazal, les chutes d’audience de son journal, rattrapé par France 2, l’hostilité de Catherine Nayl, directrice de l’info, ont sans doute poussé la journaliste à quitter le vaisseau avant d’être écartée. Elle rebondit en pariant sur un nouveau magazine, sur Direct 8 (maintenant racheté par Canal +), un talk-show quotidien accompagné d’une poignée de chroniqueurs. Longtemps joker, Gilles Bouleau reprend les rênes de la grand-messe de TF1, tandis qu’on attendait presque l’arrivée de Laurent Delahousse. Mais le charismatique présentateur des JT du week-end a préféré rester sur le service public, tout en comptant renforcer ses éditions, avec notamment une grande session d’info le dimanche soir entre 19 h et 20 h 30.

Sans « Mon œil ». Après cinq ans et 209 numéros, Michel Mompontet arrête sa chronique, estimant « avoir fait le tour de la question, de cette forme narrative ». Il reviendrait néanmoins à l’écran à la rentrée. En attendant, France 2 débauche François Lenglet de BFM TV Business pour le poste de rédacteur en chef du service France (économie et politique) et nomme Nathalie Saint-Cricq responsable du service politique. Tous deux, loin d’être de dangereux gauchistes, intervenaient dans l’émission « Des paroles et des actes ». Dans cet esprit, la chaîne serait bien inspirée de s’attacher les services d’Hélène Jouan, placardisée à Inter. De son côté, Canal + opère de petits chambardements. Omar Sy et Fred Testot arrêtent le « SAV », Daphné Bürki lâche France 5 (« Les Maternelles ») pour succéder à Ariane Massenet (au « Grand Journal »), qui occupera la matinale, en lieu et place de Maïtena Biraben, qui s’installe le week-end, sur le coup de midi, toujours sur la chaîne cryptée, pour un magazine entre actu et art de vivre, nourri d’humoristes et de journalistes. Rien d’original ni d’essentiel. À l’instar des autres mouvements : Mélissa Theuriau arrête « Zone interdite » (M6) pour se consacrer à la production de reportages ; l’ineffable Marc-Olivier Fogiel, après son échec du pitoyable « Face à l’actu », sur M6, reprend « On refait le monde » sur RTL, remplaçant ainsi Christophe Hondelatte, qui a précipitamment claqué la porte de la station (une habitude chez l’ex-animateur du putassier « Faites entrer l’accusé »). Animateur potache, sinon grotesque, sur France 4 (« Touche pas à mon poste ! »), Cyril Hanouna quitte le service public pour Direct 8, comme Laurence Ferrari, également pour une quotidienne. Délaissant les journaux du week-end de Canal, Daphné Roulier fait aussi son entrée pour incarner le nouveau 20 heures sur cette chaîne de la TNT. Tandis que France 2 n’a pas encore tranché sur son magazine culturel du vendredi soir. Il est question de Bruce Toussaint, voire de PPDA. Il reste des places à prendre. Et beaucoup de candidats.

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