À flux détendu

Christophe Kantcheff  • 1 novembre 2012
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C’est important, une couverture. Nous y apportons, à Politis, tout le soin possible. Il faut qu’elle soit à la fois signifiante et attractive. Une bonne part de sa réussite se joue dans le rapport texte et image. Le choix de celle-ci est évidemment déterminant. Mais, bien après parution, on est parfois surpris d’y découvrir des choses qu’on n’avait pas su voir immédiatement. C’est qu’il faut vouloir regarder vraiment. Voici donc que mes yeux ont à nouveau été appelés par l’image figurant sur la couverture du numéro de la semaine dernière, titré : « La Révolution une idée neuve » . Je pensais pourtant l’avoir bien observée, au moment de son choix. Mais là, je tenais le numéro en main et me suis mis à regarder un à un les personnages de la gravure représentant les journées des 5 et 6 octobre 1789, où des femmes ont marché sur Versailles pour réclamer du pain. Déterminées, ces femmes le sont, on le voit à leurs gestes et au mouvement de leur corps. À leurs visages aussi, en particulier chez celles qui se présentent de face, dont certaines ont la bouche ouverte, faisant résonner des chants ou des cris d’encouragement. Il leur en faut, de la détermination, car, à Versailles, le roi est entouré de ses gardes. Elles ont tout de même avec elles des sabres, des pics, des haches et même un canon ! Ah, ça ira… À y regarder de plus près, on remarque, outre quelques élégantes, des visages aux traits plus marqués. L’effet de l’âge ? Plus sûrement le signe qu’elles ne sont pas seules dans ce cortège. Sous certaines robes se cachent des hommes. On sait que, pour prêter main-forte à ces dames, des hommes, ce jour-là, n’ont pas hésité à se travestir. L’auteur de la gravure, dont je ne connais pas le nom, était bien informé. Et ce qu’il savait, il l’a dessiné. Reste à prendre le temps de regarder.

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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