À flux détendu

Christophe Kantcheff  • 29 novembre 2012
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Dans les coins, des gens font des choses de valeur. Sans bruit. Pas vraiment dans l’air du temps, mais pas has been pour autant. Des éditeurs de livres sur la musique classique, par exemple. Samedi, Jérémie Rousseau en avait réuni deux, et un libraire spécialisé, dans son émission « 30 minutes d’entracte » sur France Musique.

Deux éditrices, l’une chez Fayard, Sophie Debouverie, directrice littéraire de la collection « Musique » ; l’autre, fondatrice d’une petite maison suisse, Marie-Christine Papillon, des éditions du même nom, Papillon, qui existent depuis 1992. Adossée à un groupe, Hachette, ou à la tête d’une structure indépendante, les deux femmes parlaient la même langue. Sophie Debouverie bénéficie d’un peu plus de moyens et de l’ancienneté de sa collection. Chez elle, les best-sellers (par exemple le récent Au cœur de l’orchestre, de Christian Merlin) se vendent à 7 000 exemplaires, tandis que ceux de Papillon ne dépassent pas les 1 200. Mais, dans les deux maisons, les ventes se chiffrent généralement en centaines d’exemplaires…

Ressortait de leurs propos leur approche artisanale, due autant à l’amour du travail bien fait qu’aux contraintes budgétaires, qui les amène à assurer de bout en bout, tous les jours week-end compris, la conception et la confection de leurs livres. Sophie Debouverie et Marie-Christine Papillon ont dit avec un humble enthousiasme leur sérieux et leur curiosité indispensables pour continuer. La première vient de publier un Béla Bartok, de Claire Delamarche, la seconde un Othmar Schoeck, de Beate Föllmi (chez Papillon, on défriche davantage, c’est le lot des maisons plus jeunes). Le libraire, de la librairie Monnier, sise rue de Rome à Paris, eut ce mot définitif à propos des auteurs médiatiques qui écrivent sur la musique et que ne pourchassent guère les deux éditrices : « Est-ce que M. Sollers a quelque chose d’important à dire sur Mozart ? Ce n’est pas sûr… »

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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