J’ai bien aimé

Sébastien Fontenelle  • 8 novembre 2012 abonné·es

En vrac : j’ai bien aimé quand le Canard enchaîné a constaté que Manuel Valls, ministre für Sttatssicherheit, avait fait procéder, dans les rues de l’alentour de son domicile parisien, à l’enlèvement des quémandeurs – et quand l’intéressé a protesté que c’était pas vrai du tout, et qu’il n’avait rien demandé de tel, attendez, tout le monde sait que je suis de gauche. (Bien entendu, je l’ai cru : ça se saurait si les « socialistes » étaient des serial menteurs, engoncés dans la fausseté comme l’est Copé dans l’élégance.)

J’ai bien aimé aussi quand la crème du patronat françousque a lancé un « ultimatum » au gouvernement « socialiste » de Jean-Marc Ayrault (G« S »DJ-MA) sur le thème : gimme the money que tu prélèves aux poches des gueux ou sinon ça va chier velu –  « les hostilités seront lourdes », et nos « réactions excessivement violentes ». (Et quand le G« S »DJ-MA, plutôt que de faire donner dans l’instant la troupe contre ces arrogant[e]s coquin[e]s – maravez-leur la face et ne lésinez pas sur le tonfage –, a plutôt fait le choix courageux [et tellement conforme à sa nature profonde] de se garder péteusement coi – vazy, Toto, fais-moi brutalement dans les chausses du haut de ton salaire à six chiffres, et n’oublie pas de revenir demain pour la deuxième couche, j’aime passionnément ça. Puis quand Laurent Joffrin, redevenu lui-même, s’est empressé de bubuler qu’il convenait de flatter le patronat dans le sens du profit.)

J’ai bien aimé aussi quand la France « socialiste » a livré une militante basque – sur qui pesait le terrible soupçon d’avoir pris part à des manifs – à la fliquerie espagnole. (Et quand Manuel Valls – le même que tout à l’heure – a protesté qu’il n’était pour rien dans cette saloperie : bien entendu, je l’ai cru, ça se saurait si, etc.)

J’ai bien aimé aussi quand le chef de l’État français –  a man called Françoizollande –, hissant toujours plus haut l’étendard flamboyant de la dignité « socialiste », a gentiment fait la première partie du show toulousain de « Bibi » Netanyahou – le fameux démocrate et irréprochable antiraciste dont les contributions à l’épanouissement du vivre-ensemble seront dans les siècles des siècles chantées comme autant d’illustrations de ce que peut donner l’humanisme quand il se mélange de plusieurs volumes de raffinement. (Et quand les vigilant[e]s de la laïcité, toujours si prompt[e]s à dégainer leurs psaumes républicards quand c’est pour casser du muslim, ont tenu leurs petites gueules bien fermées.)

J’ai bien aimé aussi quand mon copain Lucien m’a promis de ne jamais plus voter pour des « socialistes » – ça fait trop mal au cul, ça devient trop lourd à porter, c’est carrément atroce. Welcome to the club, lui ai-je dit, et bienvenue sur la Voie de l’Éveil (petit scarabée). Dans quelques semaines, j’escompte : tu auras enfin compris que rien ne sert d’être poli avec l’ennemi de classe – et qu’il urge que nous nous rendions à son envie d’hostilités lourdes, et de réactions un peu violentes.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

Temps de lecture : 3 minutes