Le patron voyou

Guy-Pierre Couleau a monté une version musclée du Puntila de Bertolt Brecht.

Gilles Costaz  • 17 janvier 2013 abonné·es

C’est une inspiration géniale qui traverse le cerveau de Brecht lorsqu’exilé en Finlande, en 1941, il a l’idée d’écrire l’épopée pathético-comique de Maître Puntila et son valet Matti. D’un côté, il y a Puntila, grand industriel féroce quand il est à jeun et angélique lorsqu’il a bu. De l’autre, le valet Matti, qui se verrait bien dans les bras de la fille du patron voyou. Guy-Pierre Couleau, homme de théâtre rigoureux qu’on a eu la bonne idée de nommer à la tête de la Comédie de l’Est, à Colmar, vient de mettre en scène la pièce sur ses terres. Puis le spectacle est parti en voyage ; il est actuellement à Ivry.

La réalisation est fort rapide , nerveuse, comme le décor de Raymond Sarti, toujours en mouvement ! Le conte de Brecht est ample. La mise en scène de Couleau épouse cette ampleur, intègre avec bonheur les chants et les exploits physiques. Pierre-Alain Chapuis incarne un Puntila avec une force rabelaisienne étonnante. Luc-Antoine Diquero déploie une puissance égale, celle des petits face aux grands – soumis, mais herculéens. Leurs partenaires sont aguerris aux difficultés de ce langage fondé sur plusieurs disciplines. Peut-être appuie-t-on trop sur les ressorts comiques. Il faudrait que la farce, par moments, se repose. Mais c’est un spectacle hautement sanguin.

Théâtre
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