Hollande plante les paysans

Les espoirs de la Confédération paysanne ont été douchés par les annonces du Président.

Patrick Piro  • 10 octobre 2013 abonné·es

Stupéfaction, le 2 octobre, dans l’équipe exécutive de la Confédération paysanne, en découvrant les annonces de François Hollande au sommet de l’élevage à Cournon (Puy-de-Dôme) sur l’application de la réforme de la Politique agricole commune (PAC), adoptée en juin dernier par l’Union. « Il a cédé au lobby de l’agro-industrie, commente Laurent Pinatel, porte-parole national du syndicat de petits paysans. La concertation organisée pendant des mois par le ministère de l’Agriculture n’était qu’un simulacre. »

Seule satisfaction : les aides européennes seront majorées pour les premiers 52 hectares, rééquilibrage partiel au profit des petits agriculteurs d’un dispositif qui favorise largement les grandes exploitations. « C’est la mesure phare arrachée par Le Foll à Bruxelles », reconnaît le syndicat, qui attendait qu’y soient consacrés 30 % de l’enveloppe des aides gérées par les États – autre conquête du ministre. Surprise : ça sera 20 % seulement, ce qui rognera moins sur la part des 20 % de grands exploitants qui touchent 80 % des aides. Conséquence : des revenus agricoles variant de 12 000 à 76 000 euros annuels, écarts que la France n’entend réduire qu’au plus éloigné des horizons prévu par Bruxelles (2019), et pour 70 % du montant des aides seulement, qui représentent souvent plus de la moitié du revenu des agriculteurs. Autre déception : les conditions environnementales d’attribution sont anecdotiques.

« Nous avons entendu un discours d’un autre temps, incitant l’agriculture française à gagner des marchés internationaux “pour nourrir le monde”, déplore Laurent Pinatel. L’agroécologie, terme fétiche de Le Foll, a disparu. Le ministre a été clairement désavoué. Le Président acte une agriculture à deux vitesses, privilégiant le productivisme, si possible intensif et exportateur, très peu pourvoyeur d’emplois. Il lui faudra s’expliquer auprès des nombreux élus PS qui nous suivent. » Fin des illusions : la Confédération paysanne annonce une stratégie plus offensive, à l’image de son engagement contre le projet industriel des « 1 000 vaches [^2] ». Car d’autres reculs sont encore possibles dans le budget de la PAC : la prime aux 52 hectares sera-t-elle forfaitaire comme le souhaite le syndicat ? Quelles mesures spécifiques pour les filières en difficulté – petits ruminants, fruits et légumes, etc. ? Prochaine bataille : la « loi d’avenir pour l’agriculture » de Stéphane Le Foll, examinée par les députés en janvier 2014.

[^2]: Voir Politis n° 1268, du 12 septembre.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Surpêche : en France, les stocks s’épuisent, la pêche industrielle s’accroche
Infographie 9 juin 2025 abonné·es

Surpêche : en France, les stocks s’épuisent, la pêche industrielle s’accroche

Alors que les ressources marines françaises s’épuisent, la pêche industrielle poursuit son activité à un rythme soutenu. Sous la surface, les fonds marins français sont méthodiquement ravagés par des techniques de pêche industrielles lourdes et peu sélectives.
Par Maxime Sirvins
Les pêcheurs de la baie de Granville en eaux troubles
Reportage 9 juin 2025 abonné·es

Les pêcheurs de la baie de Granville en eaux troubles

Biodiversité, tourisme, pêche, conchyliculture… la zone maritime au large de Granville et de Chausey concentre à elle seule beaucoup des problématiques qui seront à l’ordre du jour de la Conférence des Nations unies  sur l’océan (Unoc) qui s’ouvre à Nice ce 9 juin.
Par Guy Pichard
Océan : les enjeux d’un sommet plus politique qu’écologique
Décryptage 9 juin 2025

Océan : les enjeux d’un sommet plus politique qu’écologique

Du 9 au 13 juin, une soixantaine de chefs d’État se réunissent à Nice pour la troisième conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc) et discuter de la préservation des écosystèmes marins, indispensable à la vie sur Terre. Focus sur 3 enjeux majeurs de ce sommet où diplomatie et politique risquent de surpasser les défis écologiques.
Par Vanina Delmas
Limousin : la ferme-usine de la discorde
Reportage 28 mai 2025 libéré

Limousin : la ferme-usine de la discorde

Malgré la colère de riverains et des associations, un centre d’engraissement de plus de 2 000 bovins verra le jour près de Limoges, porté par un groupe agro-industriel.
Par Vanina Delmas