Avis de tempêtes

La météo du globe s’annonce de plus en plus agitée pour les années à venir, prédisent les spécialistes.

Patrick Piro  • 28 août 2014 abonné·es
Avis de tempêtes
© Photo : AFP PHOTO / KAY MARTENS / GERMANY OUT

Canicules récurrentes, froids polaires fréquents, tempêtes hors normes, inondations subites : ces événements pourraient devenir presque banals au cours des prochaines décennies. Jusqu’à présent, ce sont les climatologues qui déduisaient de leurs modèles numériques ces conséquences du dérèglement climatique. Désormais, les spécialistes de la prévision de la météo à court terme se mettent à l’unisson. Réunis pour la première fois par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) pour une conférence sur l’avenir de la météo, un millier de spécialistes ont dressé la semaine dernière à Montréal un tableau bien sombre.

L’engrenage de l’aggravation est simple : l’amplification de l’effet de serre provoque, par piégeage de chaleur, un accroissement de l’évaporation, un phénomène qui met en mouvement toute la machine atmosphérique. Une hausse de 1 °C des températures moyennes de surface – presque atteinte en un siècle – injecte dans l’atmosphère un surplus de 7 % de vapeur d’eau. L’emballement du système prépare donc des épisodes diluviens plus fréquents, plus violents et plus soudains. En raison d’un brassage accentué de l’ensemble des flux atmosphériques, la météo planétaire devrait donc connaître de fréquentes périodes de canicule, de sécheresse et de grand froid, selon les modèles de recherche météorologique. En France, au train où progresse le dérèglement, la vague de chaleur historique de 2003 pourrait revenir tous les deux ans à l’horizon 2050, et le climat du sud-est du pays pourrait ressembler à celui de régions semi-arides de l’Espagne.

À Montréal, les météorologues ont apporté de nouveaux éléments à ce paysage agité, déjà décrit en partie depuis quelques années dans les rapports du Groupement d’experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat (Giec). Ainsi, le Britannique Paul Williams, de l’université de Reading, conclut à un doublement, d’ici à 2050, de la fréquence des turbulences qui perturbent les jet-streams, ces puissants courants réguliers balayant le globe à une dizaine de kilomètres d’altitude, palier où circulent les avions de ligne. La navigation maritime ne devrait pas être en reste, ajoute Simon Wang, de l’université états-unienne de l’Utah. Les océans, principaux receleurs du surcroît d’énergie calorifique délivré sur la planète, vont remettre celle-ci en circulation avec une intensité accrue. Les méga-cyclones pourraient devenir plus fréquents, et les houles seront de plus en plus marquées. Elles connaissent aujourd’hui des creux de 40 mètres – déjà deux fois plus impressionnants que les vagues les plus exceptionnelles rencontrées il y a quelques décennies.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« La mer nous remet à notre place : un existant qui ne voit pas tout »
Entretien 14 novembre 2025 abonné·es

« La mer nous remet à notre place : un existant qui ne voit pas tout »

Philosophe et autrice de L’Être et la mer, Corine Pelluchon appelle à regarder l’humanité depuis l’océan, pour repenser sa place, appréhender sa vulnérabilité et ouvrir à un imaginaire de la solidarité.
Par Caroline Baude et Hugo Boursier
COP 30 :  « En tant qu’activistes, on est presque obligées de trouver des manières originales de militer »
Entretien 14 novembre 2025 abonné·es

COP 30 : « En tant qu’activistes, on est presque obligées de trouver des manières originales de militer »

Après plus d’un mois de navigation, cinq activistes pour le climat sont arrivées à la COP 30, à Belem, à bord d’un voilier. Objectif : faire converger les luttes climatiques, antiracistes et féministes. Entretien.
Par Kamélia Ouaïssa
À Belém, un projet d’égouts symbole du racisme environnemental
Reportage 10 novembre 2025 abonné·es

À Belém, un projet d’égouts symbole du racisme environnemental

En prévision de la COP 30, des travaux d’assainissement sont menés à la Doca, un quartier aisé de Belém, au détriment de Vila da Barca, bien plus défavorisé. La population, rompue à la résistance, dénonce du racisme environnemental.
Par Giovanni Simone et Anne Paq
Le paradoxe brésilien : du pétrole pour financer la transition
Reportage 10 novembre 2025 abonné·es

Le paradoxe brésilien : du pétrole pour financer la transition

Le gouvernement autorise de nouveaux forages au large de l’Amapá, l’une des régions les plus pauvres du pays. Un pari économique qui contraste avec l’urgence des enjeux climatiques et représente une menace directe pour la Guyane voisine.
Par Tristan Dereuddre