Le PCF interroge sa stratégie

Réunis en conférence nationale ce week-end, les communistes cherchent les moyens de « stopper Valls ». La relance du Front de gauche est à l’ordre du jour.

Michel Soudais  et  Pauline Graulle  • 6 novembre 2014 abonné·es
Le PCF interroge sa stratégie
© Photo : AFP PHOTO / KENZO TRIBOUILLARD

Week-end d’introspection au PCF. Le parti de Pierre Laurent tient, les 8 et 9 novembre, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), une conférence nationale. Quelque 800 délégués, venus de toute la France, sont attendus. Cette réunion a principalement pour objectif de réfléchir au meilleur moyen de « travailler à l’émergence d’une véritable alternative de société, de politique et de gouvernement et à la démarche de rassemblement nécessaire pour y parvenir ». Convoquée au mitan du quinquennat de François Hollande, après les mauvais résultats électoraux du Front de gauche aux municipales et aux européennes, cette assemblée sera très observée par les autres formations de cette coalition.

Car si une conférence nationale ne présente pas les mêmes enjeux qu’un congrès – le renouvellement des instances de direction ne figure pas à son programme –, elle doit néanmoins arrêter une feuille de route pour les dix-huit prochains mois, fixer les initiatives à venir et la position du parti dans les élections départementales de mars 2015. Celle-ci confirmera la radicalisation du PCF face au gouvernement. En deux ans et demi, le parti de Pierre Laurent s’est vu contraint de passer du soutien critique, sans participation, à l’opposition à l’exécutif, accusé de conduire une politique de droite. « La politique gouvernementale dénature profondément dans l’esprit de millions de gens ce que signifie la gauche », déplorait le numéro 1 communiste, début octobre, lors des journées parlementaires de son groupe. La « nécessité » de l’heure est de « stopper Valls », explique Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, car « il y aurait beaucoup de danger à laisser sa politique se déployer ». Comment y parvenir ? Sur ce point les communistes reconnaissent volontiers être face à une difficulté. Alors que la politique de Valls est en échec – la hausse du chômage en est un indicateur –, que l’ensemble des instituts de conjoncture économique affirment que rien de bon ne se profile à l’horizon, et que l’opposition à cette politique s’exprime de plus en plus, jusque dans le PS, force est de constater que les textes passent. Les espoirs mis dans les frondeurs, invités en grande pompe à la Fête de l’Humanité, ont été douchés par l’attitude de ces derniers, reconnaît Olivier Dartigolles. En s’abstenant sur le budget de l’État et de la Sécurité sociale, ils « n’ont pas permis de repousser ces textes très importants et emblématiques » de la politique dénoncée, puisque « le premier engageait 21 des 50 milliards du pacte de responsabilité, et que le second s’attaquait à des piliers de notre pacte social et républicain » .

Si le PCF souhaite continuer à les interpeller, « on ne va pas attendre que la fumée blanche sorte de la réunion des frondeurs », tranche Olivier Dartigolles. Laissant entendre que son parti s’oriente vers la recherche de rassemblements inscrits dans les réalités locales avec tous ceux qui s’opposent à la politique du gouvernement. Et d’abord ses partenaires du Front de gauche. La relance de ce dernier, décidée lors d’un conseil national du Front de gauche, le 6 septembre, sera l’un des sujets débattus. « Ce ne doit pas être une décision qui n’est pas suivie d’effet », note Olivier Dartigolles, qui s’avoue « préoccupé par l’état » de la coalition. De fait, ses partenaires attendent encore de savoir comment le PCF tournera la page des municipales. Secrétaire national du Parti de gauche (PG), Éric Coquerel « espère que sortira de cette conférence nationale la possibilité d’avoir un accord national Front de gauche aux prochaines élections ». Notamment une clarification sur « l’autonomie par rapport aux forces gouvernementales ». « Cet été, Pierre Laurent déclarait que le PCF conduirait des listes autonomes de la ligne gouvernementale du PS aux prochaines élections départementales et régionales ; nous attendons confirmation », abonde Jean-François Pellissier, porte-parole d’Ensemble !, pour qui le PCF, toujours divisé sur cette question, « ne peut plus continuer à faire le grand écart entre ses positions nationales et locales » .

Le PG souhaite aussi voir le PCF s’engager sur « l’implication citoyenne allant jusqu’à des collectifs citoyens dans chaque canton ». Un point qui rejoint la demande d’Ensemble !, qui rêve d’un Front de gauche « ouvert au mouvement social ». « Il ne faut pas que le Front de gauche soit une vitrine, plaide Myriam Martin, autre porte-parole d’Ensemble !. Il faut qu’il évolue, qu’il vive, partout en France, il faut pour cela ouvrir l’adhésion directe. » Le PCF y est-il prêt ? Réponse ce week-end.

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