Le Pen absolue

Marine Le Pen est désormais la monarque incontestée du parti d’extrême droite, dont elle fait, seule, la ligne politique.

Michel Soudais  • 4 décembre 2014 abonné·es
Le Pen absolue
© Crédit photo: FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

En guise de « congrès », le Front national a tenu le week-end dernier une grand-messe à la gloire de la dynastie qui règne sur le parti d’extrême droite. Parler de congrès pour une réunion où ni la stratégie ni le programme du mouvement n’étaient débattus est impropre. Aucun texte d’orientation n’était soumis à la discussion, et le programme de cette rencontre, à laquelle pouvaient assister les adhérents qui le souhaitaient et non des délégués, comme il est d’usage dans les partis ayant un fonctionnement démocratique, ne prévoyait pour tout débat que quatre tables rondes consacrées à l’écologie – le FN annonce le lancement d’un collectif sur ce sujet le 10 décembre –, la fraude sociale, les libertés numériques ou la frontière. Le seul suspense de ce « congrès sans véritable enjeu », selon l’aveu de responsables frontistes, aura été le classement du vote pour l’élection du comité central, le pseudo-parlement du parti, souvent interprété comme un baromètre de popularité interne. À cette Star Ac’, Marion Maréchal-Le Pen, la jeune députée du Vaucluse, est arrivée en tête. Elle devance Louis Aliot, vice-président et compagnon de Marine Le Pen, Steeve Briois, le maire d’Hénin-Beaumont, Florian Philippot, bras droit de la cheffe du parti, et Bruno Gollnisch, dont les partisans, qui occupaient encore presque la moitié des sièges en 2011, sont réduits à la portion congrue.

Forte du bon résultat de ses proches, Marine Le Pen, réélue présidente du parti à 100 % des suffrages exprimés, sans adversaire face à elle, a renouvelé à sa main le bureau politique de 43 membres et reconduit le bureau exécutif, composé de neuf membres, dont un seul nouveau, le secrétaire général Nicolas Bay. Ce scrutin n’est toutefois pas dénué d’enseignement. Il aura permis aux observateurs de relativiser les 83 000 adhérents revendiqués par le FN. Il y a eu 22 329 votants, dont 22 312 pour réélire à la présidence du parti Marine Le Pen et 17 bulletins nuls, d’après les résultats annoncés par le vice-président du parti chargé des élections et des contentieux électoraux, Jean-François Jalkh. Ce dernier a également déclaré que le taux de participation était de « 53 % », ce qui correspond à environ 42 100 adhérents à jour de cotisation au 24 octobre dernier et ayant au moins 16 ans. Soit un chiffre identique au nombre d’adhérents réel que comptait le FN en 1998. Avant que la scission mégrettiste n’affecte durablement sa base militante.

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