Réfugiés : meeting tragi-comique du PS au Cirque d’Hiver
Le raout de soutien des socialistes aux réfugiés a été perturbé par divers incidents, levant le voile sur le malaise de certains militants et le positionnement tardif du parti.
« Oui, la gauche est vivante et debout. » Dans l’enceinte du Cirque d’hiver (Paris 11e), Laura Slimani, présidente du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), venait tout juste de commencer son discours lorsque des militants associatifs l’ont interrompue.
Dénonçant « l’hypocrisie » du meeting que les socialistes avaient convoqué à la hâte en soutien aux réfugiés et l’inaction du PS quant à l’accueil des migrants, ces derniers ont brandi une banderole : « Ça suffit, ça suffit ! Préfecture et mairie, tenez vos promesses » , pouvait-on lire. Débordé, le service d’ordre du PS a dû faire face à trois autres interventions, dans une salle chauffée à blanc, applaudissant à tout rompre pour couvrir les invectives des troubles-fêtes.
La scène filmée par des militants du Parti de gauche Paris
Interpellée sur son action à Paris, Anne Hidalgo a tenté un tour d’équilibriste : « Le rendez-vous que nous avons ce soir, c’est d’abord un rendez-vous avec la dignité, avec nos valeurs. » Des paroles faisant écho à celles de Robert Badinter, qui dans une vidéo diffusée quelques minutes plus tard, réaffirmait la nécessité d’un « devoir de fraternité, sans lequel le socialisme ne serait qu’un mot » .
En réponse aux « Hidalgo fait rien ! » qui fusaient dans la salle pendant son discours, la maire de Paris a mis l’accent sur le succès de la plateforme « Je m’engage », la création de places supplémentaires en centres d’accueils, et le travail des associations et des militants. « Il y a un vrai travail sur le terrain de la part des militants. Il n’est peut-être pas assez médiatisé » , assure Ugo De March, tout jeune militant, visiblement satisfait de la soirée.
211 villes solidaires
Plusieurs maires se sont succédés à la tribune pour défendre leur action à l’échelle locale, suite au lancement il y a quelques jours par le PS du réseau « villes solidaires ». Comme une tentative de légitimation de leurs actions. Sylvie Thomassin a confirmé l’engagement de Bondy en Seine-Saint-Denis, soulignant qu’il s’était développé au fil du temps « une habitude de l’accueil ».
Quant à l’édile de Rennes, Nathalie Appéré, elle a indiqué avoir accueilli en novembre dernier plusieurs réfugiés syriens. Elle a également pointé du doigt la nécessité d’entreprendre « un devoir de pédagogie » auprès des Français. Selon un sondage IFOP pour Atlantico, ils seraient 51% à s’opposer à l’accueil de réfugiés. « Il ne s’agit pas de culpabiliser les Français, mais tenter de les sensibiliser, de leur faire partager des valeurs communes , affirme Hakim, militant de 18 ans, drapeau du PS à la main. Il faut aussi bien faire la différence entre les migrants économiques et les réfugiés. »
- « La France, terre d’asile »
Alors que la salle se vidait peu à peu, le premier secrétaire du parti, Jean-Christophe Cambadélis a évoqué dans un discours de clôture aux accents mélodramatiques l’exil des réfugiés : « Ils marchent, ils marchent… Ils cherchent une main secourable, le réconfort d’un sourire. »
S’il a réaffirmé son soutien à Claude Bartolone, tête de liste des socialistes aux régionales des 6 et 13 décembres, et défendu l’action d’Anne Hidalgo, il n’est pas revenu sur les accusations lancées à l’encontre de son parti. Droit dans ses bottes, il a préféré s’en tenir au chant des valeurs : *« Nous appelons à ce que tous les humanistes s’unissent. »
- Applaudi par les militants, il a appelé à poursuivre la mobilisation : « Ce mouvement va dépasser les frontières, j’en suis persuadé. » Hier soir, à la sortie du Cirque d’hiver, le meeting semblait avoir atteint son but : rassurer les militants.
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