États-Unis : Trump veut-il relancer la guerre de Sécession ?

Avec Trump et à la suite de Charlottesville, le racisme retrouve une sorte d’ignoble légitimité. C’est aussi le retour d’une fracture profonde qui divise les États-Unis.

Denis Sieffert  • 6 septembre 2017
Partager :
États-Unis : Trump veut-il relancer la guerre de Sécession ?
© photo : ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP

Les Américains ont pu mesurer cet été l’ampleur de la régression culturelle et morale qui résulte de l’élection de Donald Trump. Ils se sont souvenus sans doute de Barack Obama entonnant « Amazing Grace » dans un temple méthodiste de Charleston, en juin 2015, quelques jours après le massacre de neuf Noirs par un suprémaciste blanc. Aujourd’hui, il s’en faut de peu que le Président américain n’apporte explicitement son soutien à l’assassin d’une manifestante antiraciste tuée à Charlottesville, en Virginie. Ne nous y trompons pas : le problème racial aux États-Unis n’a jamais été réglé. C’est ce que disent unanimement tous ceux que nous avons sollicités dans notre dossier. Mais il n’est pas indifférent que la parole raciste soit ou non condamnée, et que les émules du Ku Klux Klan puissent ou non parader comme c’était habituel jusque dans les années 1960.

Avec Trump, le racisme, non pas seulement celui des mots mais celui du crime, retrouve une sorte d’ignoble légitimité. C’est aussi le retour d’une fracture profonde qui divise les États-Unis. Une douloureuse réminiscence de la guerre de Sécession. À cela près que la fracture n’est pas seulement géographique. La question raciale traverse aussi les grandes villes du Nord. Si l’on ajoute à cela les excitations guerrières de Donald Trump sur tous les fronts de la politique internationale, on a parfois le sentiment que la roue de l’histoire tourne à l’envers. Mais ce retour de bâton résulte aussi de l’échec politique et social de ses prédécesseurs. Démocrates compris.

À lire dans ce dossier :

États-Unis : Les nouvelles lignes de fracture

Trump fragilisé, mais pas K.-O.

« Trump réhabilite les racistes »

« Ne pas être raciste ne suffit plus, il faut être antiraciste »

À lire aussi (en accès libre) >> Sylvie Laurent : « Donald Trump défend la restauration de l’homme blanc »

Soutenez Politis, faites un don !

Envie de soutenir le journal autrement qu’en vous abonnant ? Faites un don et déduisez-le de vos impôts ! Même quelques euros font la différence. Chaque soutien à la presse indépendante a du sens.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Dans les décombres, la vie quand même
Reportage • 22 février 2023

Dans les décombres, la vie quand même

La région de Kyiv vit toujours au rythme des alarmes antiaériennes. Si, dans la capitale, le quotidien a repris des couleurs, les villes martyres d’Irpin et de Boutcha cohabitent avec leurs fantômes.
Par Hugo Lautissier
« Ce qui m’impressionne le plus, c’est la résilience de la population ukrainienne »
Entretien • 21 février 2023

« Ce qui m’impressionne le plus, c’est la résilience de la population ukrainienne »

La sociologue Ioulia Shukan évoque la capacité de résistance de l’Ukraine, la solidarité de sa population et son attachement à l’État social. Et parle de sa grande difficulté personnelle à poursuivre un travail de terrain.
Par Patrick Piro
Jeunes de Gaza : résister par l’art et le sport
Palestine • 15 février 2023 abonné·es

Jeunes de Gaza : résister par l’art et le sport

Depuis quinze ans, les Palestiniens de l’enclave côtière vivent sous blocus. Ce bout de terre est aujourd’hui une prison à ciel ouvert où les mouvements islamistes prospèrent et recrutent au cœur d’une jeunesse désespérée. Mais le choix des armes n’est pas le seul modèle de résistance : avec leurs poings, leurs corps ou leurs mots, de jeunes hommes et femmes refusent de plier face à l’occupation israélienne, mais aussi face aux autorités locales.
Par Alice Froussard
Birmanie : « Nous gagnerons car nous n’avons pas le choix »
Résistance • 25 janvier 2023 abonné·es

Birmanie : « Nous gagnerons car nous n’avons pas le choix »

Deux ans après le coup d’État militaire, le mouvement de résistance pro-démocratie ne fléchit pas. Cependant, l’issue de sa lutte dépend du renforcement des soutiens extérieurs, jusque-là timides.
Par Patrick Piro