Étudiants : génération sacrifiée ?
De Parcoursup à l’hyper-compétitivité en passant par des conditions de vie dégradées et un monde du travail fragilisé, les jeunes subissent de plein fouet la précarisation.
dans l’hebdo N° 1578 Acheter ce numéro

M algré nos difficultés, on ne s’attendait pas à ce qu’il fasse ça », lance Walid (le prénom a été modifié), 23 ans, camarade d’Anas K.,qui s’est immolé devant le Crous de Lyon, le 8 novembre. Le geste désespéré de l’étudiant en sciences politiques, âgé de 22 ans, a choqué. « Quand je l’ai appris, le temps s’est comme arrêté. Puis on a fait attention à ce que d’autres ne soient pas tentés de faire pareil : on est un groupe, on a tous des problèmes financiers et administratifs. On reste soudés, continue Walid, syndiqué comme Anas chez Solidaires_. Je me suis plongé dans l’organisation de la mobilisation pour ne pas trop y penser. »_ Desregroupements se sont organisés dans plusieurs villes de France derrière le slogan « La précarité tue ». À Lyon, évidemment, mais aussi à Paris, où le ministère de l’Éducation supérieure a été pris pour cible, ou encore à Lille, où une conférence de François Hollande, venu faire la promotion de son livre, a été annulée, tandis que des exemplaires ont été déchirés, alors qu’Anas était toujours dans le coma le 18 novembre.
Des blocages d’université continuent de s’organiser partout sur le territoire. Devant la colère et par peur d’une contagion, Gabriel Attal, secrétaire d’État à la Jeunesse, a fini par recevoir les syndicats étudiants une semaine après le drame, sur demande expresse du Premier ministre, mais aucune mesure n’a été annoncée. Gabriel Attal refuse de revoir à la hausse les bourses – revalorisées de 1 % en 2019 après trois ans de gel – et renvoie à l’arrivée du revenu universel d’activité,qui devrait fusionner les minima sociaux et rendre leur versement automatique.
Le gouvernement peine à prendre la mesure de l’événement. Sa portée politique, mais aussi ce qu’il dit