Macronisme et zemmourisme 

La formation du xénophobe Éric Zemmour serait, selon Le JDD, « en quête de respectabilité ». Et ses thèmes de prédilection pour y parvenir comptent aussi – quelle surprise ! – parmi les sujets préférés du parti macroniste.

Sébastien Fontenelle  • 3 mai 2023
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Macronisme et zemmourisme 
Affiche placardée à Paris, pour le 1er mai 2023.
© Guillaume Deleurence.

L’on lit, dans Le Journal du dimanche (also known as Le JDD), que le parti de l’agitateur xénophobe Éric Zemmour, multirécidiviste plusieurs fois condamné pour provocation à la haine raciale ou religieuse, a finalement séché, ce samedi 29 avril, la « manifestation antimigrants » dont les organisateurs entendaient protester contre la construction d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) à Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique) – paisible station balnéaire dont le maire divers droite est victime depuis plusieurs semaines d’intimidations de l’extrême droite : une partie de son domicile et ses deux voitures ont notamment été incendiées le 22 mars.

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L’explication de ce séchage est, toujours selon Le JDD, la suivante : Zemmour et ses sbires ne souhaitent plus être vus dans la proximité immédiate de certains groupuscules néofascistes un peu trop voyants. (On colporte haut et fort la fantasmagorie complotiste et raciste du « grand remplacement », on raconte partout que Pétain était au fond quelqu’un d’assez providentiel, mais tout de même : on a des pudeurs.)

L’on lit ensuite, dans le même papier du JDD, et c’est là qu’il devient tout à fait intéressant, qu’Éric Zemmour se consacre plutôt, ces jours-ci, à la promotion de son dernier bouquin, et que son parti, « en quête de respectabilité » (1), a entamé il y a peu « une série de colloques » présentés donc comme des moments de distinction : le premier avait pour « thème » les « violences de l’extrême gauche », et le prochain portera sur, devine quoi ? « Le wokisme ».

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Ne ris pas, s’il-te-plaît.

Pourquoi est-ce tout à fait intéressant ? Parce que ces deux thématiques, où cette formation d’extrême droite espère donc gagner en honorabilité, comptent aussi au nombre des sujets de prédilection du parti macroniste.

On se rappelle que Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal, lorsque ces deux-là étaient respectivement ministre de l’Éducation nationale et ministre de l’Enseignement supérieur (et de la Recherche et de l’Innovation), ont ainsi passé beaucoup de temps, lorsqu’ils étaient en fonction, à vitupérer, à l’unisson de l’extrême droite organisée, contre « les islamo-gauchistes » et « les wokistes » – la seconde était même allée jusqu’à réclamer, en février, une « enquête sur l’islamo-gauchisme à l’université » dont nous savons aujourd’hui qu’elle n’a jamais existé que dans son imagination. (Mais qu’on se rassure : ce gigantesque bobard n’a nullement empêché son élévation, l’année suivante, au grade d’officière de la Légion d’honneur.)

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Et quant aux prétendues « violences de l’extrême gauche », on sait qu’elles constituent depuis de longues semaines, lorsqu’il n’est pas occupé à cracher des amalgames entre l’immigration et la délinquance, l’alpha et l’oméga des vociférations de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur. Lequel, toujours très prompt à invectiver ce qu’il appelle donc « l’extrême gauche », n’a, pour autant qu’on le sache, toujours pas réagi publiquement à l’incendie du domicile et des voitures du maire de Saint-Brevin.

Je te laisse conclure : je n’ai plus assez de place. 

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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