« L’ensemble de la société doit profiter de la pêche »

Professeur en écologie marine à Agrocampus Ouest, à Rennes, Didier Gascuel travaille sur l’exploitation durable des ressources vivantes de la mer et la modélisation des impacts de la pêche. Dans un essai récent, il développe le concept de « pêchécologie », qui favorise la préservation de la biodiversité  et un meilleur partage entre les activités humaines liées au secteur.

Zoé Cottin  • 19 juillet 2023 abonné·es
« L’ensemble de la société doit profiter de la pêche »
© Fredrik Öhlander / Unsplash

Dans votre dernier essai (1), vous insistez sur la nécessité de redéfinir la manière de pêcher. Les méthodes actuelles altèrent-elles les ressources halieutiques ?

Totalement. Le premier impact de la pêche, c’est d’abord la très forte diminution de l’abondance des ressources exploitées, qui touche à peu près toutes les espèces de poissons marins ainsi qu’un très grand nombre de mollusques et de crustacés. Chacune de ces espèces, lorsqu’elles sont exploitées, voit son abondance divisée par trois, quatre ou cinq, du fait de critères de durabilité qui ont été fixés dans les années 1950 et qui sont encore utilisés. L’utilisation des chaluts est également un désastre pour les fonds marins. Ils accentuent la destruction de leur fertilité en raclant la faune et la flore qui constituent une forêt d’organismes invertébrés. Or ces organismes sont à la base de toutes les chaînes alimentaires. Enfin, dernière pratique responsable de lourds impacts sur la biodiversité marine, la capture d’espèces sensibles, comme les requins, particulièrement menacés en mer Méditerranée, ou encore les tortues.

Qu’entraîne la destruction des ressources halieutiques ?

Elle entre en résonance avec les effets du changement climatique et se manifeste surtout par un déséquilibre global de l’écosystème, et notamment par une hausse de ce que j’appellerais « les chaos de la nature », soit la prolifération ou l’effondrement brusque d’espèces. Les processus écologiques sont mal connus, mais on constate que le poulpe ou l’araignée de mer se multiplient à grande vitesse ces dernières années, tandis que les crabes et les bulots disparaissent.

On ne peut pas admettre l’accaparement par quelques gros armements industriels et privés.

Comment peut-on réduire les impacts de la pêche et la rendre plus durable ?

Il faut d’abord diminuer les impacts sur les populations de poissons que l’on pêche, en augmentant massivement les maillages des

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