« Alam (Le Drapeau) » : passivité impossible

Le cinéaste palestinien Firas Khoury met en scène un adolescent timoré rattrapé par la situation en Israël.

Christophe Kantcheff  • 29 août 2023 abonné·es
« Alam (Le Drapeau) » : passivité impossible

Alam (Le Drapeau) / Firas Khoury / 1 h 44.

Le réalisateur d’Alam (Le Drapeau), Firas Khoury, un Palestinien vivant en Israël, fut un adolescent « timide, pas très sûr de ses opinions ni de ses convictions, peureux à l’égard des autorités » (propos extraits du dossier de presse). Il s’est inspiré de ce qu’il était pour composer son personnage principal, Tamer. Heureuse idée. Ainsi, bien qu’ayant une forte charge politique, le film tranche par rapport à d’autres œuvres évoquant la situation des Palestiniens sous domination israélienne.

Alam le drapeau Firas Khoury

Au départ, Tamer (Mahmood Bakri) est un garçon comme un autre, un peu rebelle vis-à-vis de ses parents, qui lui ont permis de faire son « nid » dans la maison mitoyenne, celle qu’occupait son grand-père, décédé. Lycéen peu concerné par les études, davantage attiré par les attraits du sexe qu’il connaît encore peu, il traîne avec deux copains, amateurs de rap, chambreurs et dilettantes.

Il a aussi un vrai univers à lui, qu’il fait exister dans la maison de son grand-père. Bref, il ressemble à beaucoup d’adolescents de par le monde, et c’est aussi ce qu’a voulu montrer le cinéaste. Son oncle, atteint mentalement, errant sans cesse dans la cour à la recherche de quelque chose à brûler, accusé par le passé d’appartenir à une cellule terroriste, ce qui a causé la mort de son père, témoigne aussi du danger à entrer en résistance.

Bascule

Est-il possible d’être Palestinien en Israël et de vivre une existence sans histoire ? Tel est la question que pose ce film. C’est l’amour qui va faire bouger Tamer, la jeune fille qui l’émeut, Maysaa (Sereen Khass), étant décidée à effectuer des actes de résistance en compagnie d’un camarade de classe activiste, Safwat (Muhammad Abed Elrahman). Ils projettent une « action drapeau », autrement dit de substituer le drapeau palestinien au drapeau israélien sur le toit de leur lycée.

Tamer, timoré, rechigne devant le mot « action », celui-ci donnant à ses yeux une résonance trop considérable à leur projet. Mais les choses vont tourner autrement, et le rapport de Tamer à sa responsabilité va basculer. Alam (Le Drapeau) fait preuve d’une subtilité qui tient beaucoup au fait que ces adolescents sont décrits et interprétés avec justesse. Les signaux politiques qu’il émet en sont d’autant plus convaincants.

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Cinéma
Temps de lecture : 2 minutes