PCF : le changement dans la continuité

Le 34e congrès du PCF commence vraiment cette semaine. Les partisans d’un retour vers le passé, qui présentent deux textes, y pèsent de tout leur poids.

Michel Soudais  • 23 octobre 2008 abonné·es

Marie-George Buffet briguera-t-elle un nouveau mandat ? La secrétaire nationale du PCF doit mettre fin au suspense ce jeudi, ou au plus tard vendredi, à l’occasion d’un conseil national de son parti. Sans attendre sa décision, la compétition est déjà engagée entre Pierre Laurent, 51 ans, directeur de la rédaction de l’Humanité , et Olivier Dartigolles, 37 ans, l’un des porte-parole du parti, qui incarne un certain renouvellement.
Mais avant de se prononcer sur ce point, les communistes ont, à un mois et demi de leur 34e congrès, un premier rendez-vous important. Les quelque 134 000 adhérents du PCF, chiffre de la direction, sont en effet appelés à se prononcer les 29 et 30 octobre sur le texte qui servira de base à la discussion dans les sections d’ici au congrès qui se tiendra du 11 au 14 décembre, à La Défense. Ils doivent choisir entre le texte officiel et deux autres dits « alternatifs ».
Le projet de base commune présenté par l’équipe de Marie-George Buffet, intitulé « Vouloir un monde nouveau, le construire au quotidien » , a été adopté par le conseil national début septembre sans enthousiasme : 88 voix pour, 29 abstentions, 7 voix contre, alors que cette instance compte 250 membres. Il suggère d’ « engager de profondes transformations » du parti, une voie jugée « plus féconde » que celle de la « constitution d’un autre parti aux contours incertains » . Côté stratégie, le texte plaide, par exemple, pour « de nouvelles dynamiques à vocation majoritaire » et propose à cette fin de « créer des fronts d’idées et de lutte le plus larges possible » et non un front dont la pérennisation risquerait de déboucher sur la naissance d’une force politique nouvelle, une perspective catégoriquement refusée.

Ce refus ne suffit pas à rassurer les défenseurs d’une « identité communiste » orthodoxe. André Gerin, député-maire de Vénissieux (Rhône), reproche au document de « ne pas répondre à l’enjeu » et de ne pas donner « d’explications solides sur les raisons de la marginalisation du PCF » . Persuadé que « la base commune n’est pas soutenue dans plusieurs fédérations » , ce « candidat ­jusqu’au bout » à la succession de Marie-George Buffet présente un texte « alternatif » , signé par 600 adhérents, « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps » , qui réclame que le 34e congrès donne « un signal fort : celui de la reconquête idéologique et organisationnelle du PCF ». Parmi ses propositions : recréer les cellules, rassemblement populaire plutôt qu’alliance avec le PS, sortie de l’Union européenne…
« Les causes de [l’]affaiblissement [du PCF] sont essentiellement liées au programme et aux orientations politiques du parti lui-même » , affirme un troisième texte, intitulé « Renforcer le PCF, renouer avec le marxisme » , présenté par le groupe La Riposte et signé par 300 communistes. Refusant la « dissolution du parti ou sa transformation en autre chose », ces derniers sont persuadés que « la crise profonde du capitalisme ouvre de grandes perspectives au PCF » , à condition de « rompre avec la politique insipide du réformisme antilibéral et de renouer avec les traditions militantes et révolutionnaires [du] passé ».

Au final, c’est donc un choix limité qui s’offre aux adhérents du PCF : « Les trois textes font le choix de maintenir le PCF, mais avec un positionnement politique différent », admet Hervé Bramy, président de la commission de la transparence des débats. Au grand dam des « communistes unitaires ».
Lors du conseil national début septembre, ils avaient refusé de prendre part au vote sur le projet de base commune, déplorant que la direction sortante ferme le débat quand le mandat de l’assemblée générale extraordinaire suggérait au contraire de l’ouvrir. Pour affirmer leurs positions, ils ont mis dans le débat un texte dense, signé par les députés Patrick Braouezec et François Asensi, qui propose à la fois de « continuer l’engagement communiste » et de « fonder une nouvelle force politique » . À la demande de ses auteurs, ce quatrième texte n’est toutefois pas soumis au vote, restreignant l’alternative offerte à un choix entre le changement dans la continuité ou un retour vers le passé.

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