Sale temps pour les amis de Tarnac

Manifester pour les inculpés de Tarnac comporte des risques. Retour sur trois inculpations express après une manifestation de soutien à Julien Coupat.

Christine Tréguier  et  Politis.fr  • 5 février 2009 abonné·es

Samedi 31 janvier, trois jeunes sympathisants des « inculpés de Tarnac » ont été interpellés à l’issue de la manifestation parisienne de soutien à Julien Coupat et aux victimes de l’anti-terrorisme. Détenu depuis presque trois mois, Julien Coupat a vu sa demande de mise en liberté refusée une nouvelle fois. Le cortège a rassemblé environ 3000 personnes dans une ambiance « familiale » , selon une manifestante. D’autres l’ont qualifiée de « lourde » et « silencieuse » , à cause peut-être de l’énormité du dispositif policier déployé. A Denfert-Rochereau, terminus du cortège, les policiers avaient mis en place la nasse habituelle, barrant l’accès à toutes les avenues. En passant l’un de ces check point, à l’instar de tous ceux qui quittaient la place à pied, les trois jeunes gens ont été immédiatement interpellés. Motif : « Violence avec armes sur agents de la force publique » . Aux dires de ceux qui les ont côtoyés dans la journée, ils se savaient suivis et sont restés tranquilles. D’autant plus que l’un d’eux devait fêter ce soir là les deux ans de sa petite fille.

De quelle violence et de quelles armes parle-t-on ? Il n’y a pas eu de charge après l’arrivée, ni de réelles altercations entre manifestants et policiers, si on en croit les récits et commentaires publiés sur Rue89 et sur divers blogs. Tout au plus « des pétards et des feux d’artifice artisanaux » , lorsque le cortège est passé à proximité de la prison de la Santé, où Coupat est détenu, ainsi qu’en atteste une vidéo amateur .

Un communiqué publié tardivement par la Préfecture de police fait lui état d’ « échauffourées [ayant] occasionné huit blessés dans les rangs des forces de l’ordre, dont deux ont dû être hospitalisés » et de quinze interpellations « en flagrant délit » . Le blog article11.info décrit et montre une altercation entre des manifestants qui avaient déjà quitté la place et des policiers dans les couloirs du RER. Déclenché par l’interpellation musclée d’un jeune, l’incident s’est produit vers 18h. Il est sans lieu aucun avec Jérémie, Guillaume et Mila qui à cette heure-là, avaient été transférés au commissariat du 19e arrondissement.

Dimanche 1er février au soir, sept personnes étaient encore en garde à vue. Dont nos trois manifestants, qui, à l’issue des 48 heures de garde à vue, ont été transférés mardi matin devant le juge d’instruction. A 18h, ils sont libérés mais devront répondre d’une accusation de violence en réunion avec armes (en l’occurrence… des bouteilles vides) et aggravée. Cette accusation se fonde sur des témoignages qualifiés de faux par les manifestants. Y a-t-il d’autres inculpés ? Une autre personne arrêtée serait passée en comparution immédiate le 2 février et aurait écopé de sursis et de travaux d’intérêt général. Ni la Préfecture de police, ni le Parquet n’ont souhaité communiquer sur ces arrestations et leurs suites.

Lire aussi « Tarnac ou l’anti-terrorisme à grand spectacle » lettre signée de 13 personnalités publiée dans le Monde du 2 février .

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