Le combat continue

Les mouvements contre l’exploitation et la vie chère se poursuivent autour de plateformes de revendication défendues par des collectifs en Martinique et à La Réunion.

Thierry Brun  • 12 mars 2009 abonné·es

Signé il y a quelques jours, l’accord social en Guadeloupe entre le Collectif contre l’exploitation outrancière (LKP) et une partie du patronat donne des envies de revanche aux membres du gouvernement et de la majorité présidentielle. Les tentatives de diversion, notamment en usant de provocations pour discréditer un conflit social victorieux après quarante-quatre jours de grève générale, n’ont pas entamé l’ampleur du mouvement. La « victoire » en Guadeloupe doit « encourager [les grévistes] à persévérer » en Martinique et à La Réunion, a souligné Claude Debons, du Parti de gauche, qui a ajouté : « Notre solidarité doit les aider à gagner aussi. La journée nationale de grèves et de manifestations du 19 mars sera l’occasion de faire entendre les exigences communes du monde du travail face à la crise. »

Illustration - Le combat continue

L’action judiciaire pour « provocation à la haine raciale » menée contre Élie Domota vise à discréditer un mouvement social victorieux. Tack/AFP

En Guadeloupe, le Medef local a cependant maintenu son refus de signer l’accord, alors que le ministère du Travail a prévu une consultation le 20 mars des « partenaires sociaux représentatifs sur le plan national et interprofessionnel » , dans le cadre de la commission nationale de la négociation collective. Le ministère a prévenu que « la décision quant à l’extension de l’accord [à toutes les entreprises privées de l’île] sera prise à l’issue de la consultation ».

Dans cette perspective, les syndicats et le LKP restent déterminés. Samedi, à l’appel de ce dernier, 30 000 personnes ont défilé à Pointe-à-Pitre, selon le collectif, pour réclamer la généralisation de l’accord salarial. Le Medef a dénoncé les « intimidations » des grévistes, et le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre, a comparé les membres du LKP à des « sortes de tontons macoutes » . Des propos haineux, aux relents colonialistes, qui s’ajoutent à l’action judiciaire pour « provocation à la haine raciale » menée contre Élie Domota, porte-parole du collectif LKP.

Ces manœuvres visent aussi à discréditer le mouvement en Martinique et à La Réunion. En Martinique, l’opération escargot sur la rocade de Fort-de-France pour réclamer le « droit de travailler » , dénoncée comme une « provocation » de patrons békés, a déclenché vendredi 6 mars une nouvelle flambée de violence. Le Collectif du 5 février et les représentants patronaux sont parvenus depuis à un accord sur 400 articles (de 100 familles de produits déjà actées il y a trois semaines) qui se verront appliquer une baisse de 20 %. « Si nous sommes là aujourd’hui, c’est parce que nous avons infligé une défaite aux patrons : leur objectif était de bloquer les négociations. Là, nous reprenons la main en étant présents », a déclaré Léon Bertide (UGTM), ­membre du Collectif.

De son côté, le Collectif des organisations syndicales, politiques et associatives de la Réunion (Cospar) a obtenu l’ouverture de négociations sur 62 revendications après les rassemblements du 5 mars, qui avaient mobilisé de 15 000 à 30 000 personnes, selon les sources. Le Cospar a organisé mardi une grève générale et maintient la pression pour obtenir satisfaction sur quatre mesures d’urgences sociales (loyers sociaux, prix dans la grande distribution, hausse de 200 euros des bas salaires et des petites retraites, prix du gaz et des carburants).

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