Des emplois vraiment très Scic

Les parcs naturels régionaux veulent favoriser l’implantation de sociétés coopératives d’intérêt
collectif, qui créent des activités pérennes et non délocalisables, permettant de préserver le patrimoine naturel et les savoir-faire traditionnels.

Claude-Marie Vadrot  • 8 octobre 2009 abonné·es

Adossées au mouvement des Scop, les sociétés coopératives d’intérêt collectif (Scic) sont actuellement 144 en activité sur le territoire métropolitain. Elles regroupent, toujours sur le principe d’une voix par coopérateur, des individus, des associations, des entreprises et des communes se retrouvant à égalité. Elles doivent satisfaire « des missions d’intérêt général dans une logique de développement local » , ce qui intéresse les chargés de mission de certains parcs, qui poussent à leur création.

«  Les coopérateurs, explique Stéphane Adam, de la Fédération des parcs, peuvent apporter de l’argent, un savoir-faire comme un brevet, une marque, une idée, du travail, du matériel ou un local. Les bénéfices sont intégralement réinvestis dans la collectivité, ce qui exclut toute perspective d’enrichissement personnel. Ces Scic sont parfaitement adaptées à ce que nous voulons faire, et c’est pour cette raison que les parcs vont de plus en plus favoriser leur existence sur nos territoires, y compris en faisant partie des coopérateurs. »

Pas de danger de mainmise, puisque les collectivités ne peuvent pas détenir plus de 20 % du capital social, indique la loi de 1947 organisant les Scic, texte qui fut amélioré par Guy Hascoët, secrétaire d’État à l’Économie sociale et solidaire dans le gouvernement Jospin. Cela suffit parfois à susciter la méfiance des élus de droite, prompts à flairer des relents de socialisme dans ce que les textes définissent comme « une activité commerciale d’utilité sociale ».

L’exemple phare cité par les responsables des parcs, même si tous ne sont pas encore prêts à favoriser cette « socialisation non délocalisable » du travail et de la mise en valeur, est la Scic Ôkhra du parc du Lubéron. La transformation d’une association créée il y a une quinzaine d’années et dont l’objectif est de contribuer à la préservation et à la découverte, mais surtout, ­désormais, à la promotion des savoir-faire traditionnels et patiemment reconstitués de la production de l’ocre dans la région. Ce pigment d’origine naturelle s’utilise aussi bien dans les métiers d’art que dans le bâtiment ou les peintures.

Dans le parc du Perche et celui du Cotentin et du Bessin, c’est autour d’une filière bois locale que s’est constituée la Scic Bois-bocage, regroupant 50 personnes, de celles concernées par l’exploitation de la forêt et des haies à celles qui mettent en place des chaudières à bois, en passant par celles qui produisent les copeaux ou les plaquettes nécessaires à l’alimentation des chaudières. Des salariés (10 %), des clients (20 %), des producteurs (40 %), des particuliers (10 %) et des collectivités (20 %), dont le parc du Perche, où se trouve le siège social.
Une autre Scic a été créée dans le Haut-Forez : elle réunit 240 acteurs – des bûcherons à ceux qui sèchent le bois – et a permis de créer cinq emplois en plus de ceux des professionnels concernés. En revanche, rappel que l’individualisme a parfois la vie dure, une telle Scic n’a pas réussi à voir le jour dans le parc des monts d’Ardèche.
Certains parcs encouragent aussi le fonctionnement ou la création de Scop, comme Ardelaine, qui prend en charge, à partir de la tonte des moutons, la laine de 250 éleveurs et emploie 30 salariés en Ardèche et en Haute-Loire. Des expériences plus intéressantes que le statut « d’auto-entrepreneur » vanté par le gouvernement et qui n’encourage que l’individualisme pour dégraisser les statistiques du chômage.

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