Esquisse de projet

Face aux « fausses solutions des droites libérales et conservatrices », le PS veut « inventer » une « nouvelle civilisation ».

Michel Soudais  • 29 avril 2010 abonné·es

Le PS met le cap sur 2012. En commençant par la définition de son projet. La désignation de son candidat viendra après cette phase de réflexion qui va occuper dirigeants et militants socialistes jusqu’à la fin de l’année. D’ici là, pas moins de quatre conventions nationales, dont une consacrée à la rénovation du PS et à l’organisation des primaires, sont programmées. La première, qui doit arrêter le « nouveau modèle économique, social et écologique » que défendra le PS, se tiendra le 29 mai. Mais ce modèle est déjà pour l’essentiel consigné dans un texte adopté par le conseil national du PS mardi soir et sur lequel les militants se prononceront par un vote, le 20 mai.

Élaboré par Pierre Moscovici, après un travail préparatoire en ateliers, ce texte de vingt-trois pages prône l’invention d’une « nouvelle civilisation » face aux « fausses solutions des droites libérales et conservatrices » . Les « clés de ce nouveau modèle » sont notamment « la priorité au long terme plutôt que la tyrannie du court terme », « la justice plutôt que la captation des richesses par une minorité », « le bien-être plutôt que le tout-avoir », « les biens publics et la solidarité plutôt que l’individualisme ».
Parmi les très nombreuses propositions du rapport, figurent « un Pôle public d’investissement industriel » financé « massivement, mobilisable rapidement, décliné territorialement sous forme de fonds régionaux d’investissement, adossé à la CDC, à la Banque de France, à la Banque Postale et à Oséo »  ; l’augmentation du coût des licenciements économiques « dans les entreprises florissantes » et l’ « obligation de remboursement préalable des aides publiques reçues moins de cinq ans avant toute ouverture de procédure de licenciements ou de fermeture de sites »  ; « la sécurité sociale professionnelle » financée « par une majoration des cotisations sociales des entreprises employant un quota trop élevé de ­travailleurs précaires et par une révision des exonérations de cotisations sociales sur les bas salaires »…

Côté fiscalité, le texte prône une « révolution fiscale » avec la « fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG » en « un seul impôt progressif, prélevé à la source » . « L’ensemble des mesures injustes de la droite seront supprimées, à commencer par le bouclier fiscal » , lit-on encore dans ce document qui annonce des « droits plus élevés » sur les successions les plus importantes.

Sur l’environnement, il se prononce pour une « éco-conditionnalité des allégements de charges pour les entreprises et une TVA éco-modulable », et en faveur d’une contribution climat-énergie « englobant l’électricité », « compensée par une “prime pour l’environnement” plus élevée réservée aux ménages modestes et aux revenus moyens ».

Fruit d’un savant dosage des sensibilités, cette première pierre du projet ne suscitera pas beaucoup d’oppositions. C’était son but – montrer un PS uni –, mais c’est aussi son point faible. Ce que n’a pas manqué de souligner Jack Lang en jugeant ce projet « pas assez à gauche » , «  trop traditionnel » , « trop techno » et « pas assez visionnaire ».

Ce manque d’ambition est aussi la principale critique adressée au texte de Moscovici par un groupe de militants trans-motions associés à « Nouvelle Gauche » et à Utopia, deux groupes d’agitateurs d’idées, qui ont déposé un texte alternatif. Ils lui reprochent de ne pas apporter de «  solutions au chômage de masse, à l’appauvrissement de la population et à la dégradation de l’environnement ». Selon eux, « le découpage a priori en 13 ateliers a cloisonné le débat » , privant le PS d’ « une vision d’ensemble » qui permettrait de mettre en question aussi bien la croissance que la dette, ou de s’interroger sur la possibilité d’une mutation écologique sans redistribution équitable des richesses. Le débat ne fait que commencer.

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