Le PS s’affiche encore uni

Les socialistes ont adopté à la quasi-unanimité des propositions en faveur de « l’égalité réelle », parmi lesquelles les candidats aux primaires feront leur marché.

Michel Soudais  • 16 décembre 2010 abonné·es
Le PS s’affiche encore uni

La forme plutôt que le fond. Le Parti socialiste, qui tenait samedi dernier sa dernière convention de l’année sur « l’égalité réelle », n’a négligé aucun symbole pour donner l’image d’un parti apaisé. Un parti « où l’on ne s’engueule plus » , selon les propres termes de Martine Aubry. Un parti où l’on a « toujours su faire la différence entre la liberté de parole des uns et des autres, et la volonté de rassemblement » , a rappelé Ségolène Royal, qui a aussi lancé : « Unis nous sommes, unis nous resterons car les socialistes attendent cela de nous. »

Pour les caméras, la Première secrétaire et l’ex-candidate à l’Élysée se sont donc assises côte à côte au premier rang, histoire de faire oublier la rivalité qui les oppose depuis que la présidente de la Région Poitou-Charentes a annoncé sa candidature aux primaires en critiquant la coupable « inertie » politique dont ferait preuve la maire de Lille. L’annonce et l’approbation par les délégués présents de la réintégration au PS des alliés exclus de Georges Frêche, décédé en octobre, dans ­quatre des cinq fédérations du ­Languedoc-Roussillon a aussi conforté cette image d’unité. Autre symbole : quasiment tous les candidats à la candidature, déclarés ou non, ont eu droit aux honneurs de la tribune, de Manuel Valls à Arnaud Montebourg en passant par Pierre Moscovici. Seul François Hollande avait choisi de ne pas apparaître dans cette réunion convoquée pour adopter un texte qu’il avait comparé à « la hotte du père Noël » .

Car, au-delà des démonstrations convenues de cordialité entre ténors prêts à s’affronter pour conduire la campagne présidentielle, le PS affichait aussi son unité autour d’un projet social. Les propositions sur l’éducation, le logement ou la santé figurant dans le texte sur « l’égalité réelle » (Politis n° 1129), très critiqué lors de sa présentation, début novembre, ont été ­mas­si­vement approuvées samedi par 205 voix pour, une seule contre et 4 abstentions, après intégration des derniers amendements remontés des fédérations. Elles avaient largement été entérinées, le 2 décembre, lors de la consultation des militants : 80,1 % pour, 7,2 % contre, 12,7 % d’abstentions.

Derrière la façade unitaire, les ­désaccords sur lesquels se fondent les rivalités réelles n’ont toutefois pas disparu. Benoît Hamon, qui avait dirigé les travaux sur ce texte, ironisait en compagnie des journalistes de la faible audience auprès des militants de ceux qui, comme François Hollande, Pierre ­Moscovici, Manuel Valls ou Gérard Collomb, jugeaient ce projet excessif et flou : « Quand j’étais minoritaire dans le parti, je faisais plus ! » En clôture des travaux, le porte-parole a d’ailleurs rappelé à ceux qui critiquaient la crédibilité du texte qu’il importait moins d’être « crédible vis-à-vis de l’agence Moody’s que d’être crédible vis-à-vis des ouvriers de Renault » .

Auparavant, Martine Aubry s’était livrée, elle, à un plaidoyer pro domo d’une heure, louant le travail du PS : « On a trop de propositions ? Formidable ! On en a tellement manqué » , a-t-elle lancé, visant son prédécesseur, François Hollande. Mais si le catalogue est prometteur, et salué pour son « état d’esprit » par Ségolène Royal, celle-ci a fait savoir, comme les autres candidats, qu’elle n’en retiendrait qu’une « partie » . Lesquelles ? Ce sera l’enjeu de fond des primaires, qui ne s’ouvriront vraiment qu’en juin, suivant le calendrier adopté en septembre dernier, et maintenu à ce jour par Martine Aubry. Contre l’avis de Ségolène Royal.

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