Contre le FN, les jeunes se réveillent… timidement

Michel Soudais  • 30 mai 2014 abonné·es
Contre le FN, les jeunes se réveillent… timidement

Plusieurs milliers de jeunes ont commencé à manifester contre le Front national, dans plusieurs villes de France, après la victoire historique du parti de Marine Le Pen aux élections européennes. Ces manifestations étaient organisées à l’appel de l’Unef, des organisations lycéennes UNL et FIDL, mais aussi des mouvements de jeunesse communiste, écologiste, socialiste, et d’associations comme Osez le féminisme. Derrière le mot d’ordre affiché , « Face à l’extrême droite, tous et toutes mobilisé(e)s pour l’égalité et la solidarité », l’objectif était de conjurer une donnée du scrutin dérangeante. Les jeunes ont été particulièrement nombreux à s’abstenir dimanche dernier : selon Ipsos-Steria, 73 % des moins de 35 ans n’ont pas été voter, soit un taux bien supérieur à la moyenne (57,57 %). Et, avec un taux de 30 %, ceux qui ont voté sont également plus nombreux que la moyenne à avoir choisi le FN.

Le plus gros cortège, à Paris , a relié la place de la Bastille à la place de la République. Quelque 4 200 (selon la police) à 8 000 (selon les organisateurs) lycéens et étudiants ont entonné les slogans traditionnels des manifestations contre l’extrême droite : « La jeunesse emmerde le Front national »
« F comme fasciste, N comme nazi »
« Pas de quartiers pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers »
« Première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants d’immigrés »

Illustration - Contre le FN, les jeunes se réveillent... timidement

On retiendra l’apparition en tête de cortège d’un slogan plus circonstanciel et politiquement plus juste qui a eu une certaine fortune : « 30 ans de politique anti-sociale, c’est 25 % pour le Front national. »

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Mais la mobilisation était très loin des manifestations monstres et spontanées qui avaient suivi le 21 avril 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen s’était hissé au second tour de la présidentielle. Le 1er mai 2002, 1,3 million de personne étaient descendus dans la rue en France, dont 500 000 dans la capitale. Jeudi, on a dénombré entre 800 et 2 000 manifestants à Strasbourg, un petit millier à Lyon et Toulouse, un demi-millier à Marseille, Nantes, Bordeaux ou Nancy, 350 à Amiens, 200 à Rouen et à peine 80 à Metz.

Ce n’est qu’un début , ont toutefois fait savoir les organisateurs, qui ont l’intention de mener des actions de sensibilisation dans les lycées, notamment dans les lycées professionnels. À l’issue de la manifestation parisienne, ils ont également annoncé d’autres rendez-vous. Une manifestation est prévue lundi 2 juin à 18 h à Paris et samedi 7 juin à 14 h place de la Bastille. Cette dernière, annoncée par voie d’affiche plusieurs jours avant les européennes, était initialement convoquée pour commémorer « la mort de Clément Méric, assassiné par des fascistes » le 5 juin 2013. Après les élections de dimanche, elle prendra forcément une nouvelle dimension.

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