Disparition : Francesco Rosi

Francesco Rosi, né à Naples le 15 novembre 1922, est mort samedi à l’âge de 92 ans. Il a marqué le cinéma italien, à l’époque où celui-ci était l’un des plus divers et des plus inventifs, par son œuvre de dévoilement des sombres aspects de tous les pouvoirs, notamment économique et politique. Après avoir été acteur et metteur en scène au théâtre, Francesco Rosi est l’assistant de Visconti sur La Terre tremble (1948), avant de réaliser lui-même. Il va dès lors déployer son talent à travers des « films enquêtes », imposants par leur charge civique et subversive, et d’une virtuosité narrative inégalée. Ses plus grands films ont pour titre Salvatore Giuliano (1961), Main basse sur la ville (Lion d’or à Venise en 1963), l’Affaire Mattéi (Palme d’or à Cannes en 1972) et Lucky Luciano (1973). Dans chacun d’eux, Rosi démythifie toutes les légendes, aussi bien celle du mafieux « bandit d’honneur » que celles dont l’État italien a maintes fois usé pour présenter une « vérité » historique, toujours biaisée. L’Affaire Mattéi, qui reconstitue le parcours d’un patron de la pétrochimie tué dans des circonstances mystérieuses, a pour interprète principal le grand Gian Maria Volontè. Francisco Rosi a été le cinéaste qui a le mieux filmé ce grand acteur. Il l’a mis de nouveau en scène dans un film d’un autre genre, Le Christ s’est arrêté à Eboli (1979), tiré du roman de Carlo Levi. C’est enfin avec la Trêve (1997), une adaptation du livre autobiographique de Primo Levi, que Francisco Rosi a clos son œuvre.