L’université d’Avignon perd son procès contre Bernard Mezzadri

Ingrid Merckx  • 3 mars 2016
Partager :
L’université d’Avignon perd son procès contre Bernard Mezzadri

Le tribunal correctionnel d’Avignon comprend la critique et l’humour : le 10 février, la plainte de l’Université d’Avignon contre son maître de conférence Bernard Mezzadri a été jugée irrecevable. L’institution, qui attaquait l’enseignant en justice pour «provocation à la discrimination en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion par parole, écrit ou image, ou moyen de communication au public par voie électronique», a donc perdu son procès.

C’est une victoire pour Bernard Mezzadri qui a réussi à faire valoir ses arguments. Mais elle est atténuée par le fait que le tribunal correctionnel a également rejeté sa demande de dommages et intérêts, le préjudice n’ayant pas été établi. L’enseignant en est donc pour ses frais. En outre, le tribunal a rejeté l’exception de nullité qu’il avait soulevée.

L’université d’Avignon s’était constituée partie civile. Elle reprochait à Bernard Mezzadri d’avoir publié le 27 mai 2015, à l’occasion de la présence d’une délégation de l’université à la signature du contrat de plan Etat-Région à Marseille, en présence de Manuel Valls, un courriel sur le site interne de l’université déclarant :

« J’espère qu’en cette grande occasion la délégation de l’UAPV comptera suffisamment de «blancos », (et pas trop de basanés », afin de ne pas donner une trop mauvaise image de notre établissement.

Et s’il fait vraiment serrer la main de chasseur de Roms (qui naguère prônait la livraison des résistants basques aux tortionnaires franquistes), il existe des anti-émétiques moins dangereux que le Motilium… »

Bernard Mezzadri a fait valoir que ce courriel avait été publié sur une liste interne, que le terme « blancos » avait été employé par Manuel Valls sur le marché d’Evry et que le terme « chasseurs de Roms » était « une expression personnelle pour rappeler les propos du Premier Ministre selon lesquels la grande majorité des Roms ne souhaitait pas s’intégrer. » Il a nié la moindre connotation raciste de ses propos.

Le tribunal a estimé que ces propos devaient « s’analyser comme une critique se voulant humoristique des propos du premier ministre et non comme des propos discriminants. »

Bernard Mezzadri a été relaxé. En outre, la constitution de partie civile de l’Université a été déclarée également irrecevable «pour n’avoir pas été autorisée par son conseil d’administration ».

Police / Justice
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Culpabilisation, intimidation, coup de pression : six personnes racontent leur passage à l’IGPN
Témoignages 19 novembre 2025

Culpabilisation, intimidation, coup de pression : six personnes racontent leur passage à l’IGPN

Les récits de celles et ceux ayant été confrontés à des violences policières décrivent de nombreux dysfonctionnements au sein d’une IGPN peu encline à la remise en question.
Par Maxime Sirvins
IGPN : la grande faillite du contrôle des policiers 
Violences policières 18 novembre 2025 abonné·es

IGPN : la grande faillite du contrôle des policiers 

Un rapport explosif de l’ONG Flagrant déni, publié ce mardi 18 novembre, met en lumière l’effondrement de la police des polices. Chiffres inédits à l’appui, le document démontre que le taux d’élucidation des violences policières a chuté de 25 % en huit ans alors que le nombre d’affaires est en augmentation.
Par Maxime Sirvins
13-Novembre : « On a focalisé le procès sur la question de la religion »
Entretien 13 novembre 2025 abonné·es

13-Novembre : « On a focalisé le procès sur la question de la religion »

Les audiences avaient duré dix mois et réuni une centaine de parties civiles. En septembre 2021, vingt accusés comparaissaient devant la cour d’assises spéciale de Paris dans le procès des attentats du 13 novembre 2015. Maître de conférences en science politique, Antoine Mégie a mené, avec trois coautrices, une enquête au long cours sur le procès.
Par Olivier Doubre
Déportation de Salah Hammouri : la compagnie aérienne El Al visée pour complicité dans une plainte
Justice 11 novembre 2025 abonné·es

Déportation de Salah Hammouri : la compagnie aérienne El Al visée pour complicité dans une plainte

L’avocat franco-palestinien a déposé plainte pour crimes de déportation, persécution et ségrégation. Parmi les mis en cause, la compagnie aérienne israélienne ayant procédé à sa déportation en décembre 2022.
Par Pauline Migevant