Courrier des lecteurs Politis 992

Politis  • 6 mars 2008 abonné·es

Cinéma malmené

À Mâcon, préfecture de Saône-et-Loire de 36 000 habitants (agglomération de 60 000 habitants), il y a deux cinémas de trois salles chacun, exploités par Ciné-Alpes, qui détient 144 écrans dans le Centre-Est. C’est un exploitant de taille moyenne qui supporte mal la concurrence et a tendance à la casser auprès des distributeurs. Sa programmation est très commerciale, peu diversifiée et guère ouverte à l’Art et Essai.

Ciné-Alpes offre la possibilité à une association locale de bénévoles (L’Embobiné) de programmer trois séances par semaine (deux le jeudi soir et une le lundi soir), avec une réelle qualité Art et Essai, et des animations (invitations d’acteurs et de réalisateurs, un samedi thématique dans l’année, etc.). À ce titre, Ciné-Alpes bénéficie d’une subvention Art et Essai du CNC, dont il reverse la moitié à l’association. Il possède plusieurs multiplexes (Clermont-Ferrand, Dijon, etc.). À Mâcon, il a proposé à la municipalité actuelle (UMP) un projet de multiplexe de neuf salles, en limite nord de la ville, en contrepartie de la fermeture de ses deux cinémas de centre-ville. Il n’a pour l’instant pas accepté formellement d’héberger l’association L’Embobiné, mais on peut imaginer que les conditions n’y seront pas meilleures en termes de nombre de séances par semaine. On peut imaginer aussi que la qualité de la programmation en situation de monopole restera très commerciale.

À cela s’ajoutent la fermeture des salles de centre-ville et la fin de l’animation qu’elles engendraient. Et tout cela avec la bénédiction du maire au sein de la commission départementale d’équipement cinématographique. Et le CNC d’indiquer qu’il n’est pas possible de revenir sur la décision de fermeture des salles de centre-ville, même en cas de changement de municipalité.

Voilà, c’est un témoignage des difficultés de maintien d’un cinéma ouvert, diversifié et de qualité dans les petites préfectures.

Laurence Boubet

Les politiques et le traité simplifié

Ce serait judicieux que Politis publie la liste des députés et sénateurs en indiquant comment ces derniers se sont comportés à l’occasion du traité dit simplifié. Liste qui pourrait être élargie aux personnalités politiques qui n’ont pas ces mandats mais sont cependant de quelque poids. Cela permettrait aux électeurs, lors des élections futures, d’apprécier au plus juste les candidats et de savoir s’ils doivent leur accorder leur confiance. En effet, il me paraît important de se mettre en position d’éliminer de la représentation politique ceux qui, quelle qu’en soit la manière, n’ont pas hésité à se défaire des citoyens en les privant du droit de vote. Il faut que chaque citoyen puisse prendre ses responsabilités en étant informé.

Daniel Razzo

Une lettre de François Zimeray

À la suite d’un écho paru dans Politis n° 990, François Zimeray, récemment nommé ambassadeur «~pour les droits de l’homme », nous a adressé la réponse suivante.

Je suis consterné de lire dans vos colonnes que j’aurais « comparé Arafat aux Khmers rouges » . Cela n’a jamais été ma pensée ni mes paroles. De même, je n’ai jamais eu le sentiment de soutenir « inconditionnellement » Israël. Mes positions sont depuis l’origine, en gros, celles dites « de Genève ». J’ai dénoncé la corruption et surtout le système éducatif palestinien, relayant ainsi les idées de nombreux dirigeants palestiniens, dont les leaders actuels Mahmoud Abbas et Salam Fayed, qui font un travail remarquable et courageux. Ce portrait est faux et caricatural, je vous demande, au titre du droit de réponse, de bien vouloir faire état de ce message.

Bien à vous.

François Zimeray

Ou bien François Zimeray a la mémoire courte, ou bien il joue sur les mots. Dans un entretien accordé au quotidien israélien Yediot Aharonot , le 13 décembre 2002, et paru sous le titre « J’en ai assez de financer le terrorisme d’Arafat » , il dressait un parallèle entre l’attitude de la gauche européenne vis-à-vis des Khmers rouges et « vis-à-vis des Palestiniens malgré les massacres qu’ils perpètrent » . En 2004, après son éviction de la liste européenne des socialistes, le site Proche-Orient Info prenait sa défense en ces termes, le 19 avril 2004~: (François Zimeray) « est très engagé aux côtés d’Israël. Et c’est ce que le PS lui reproche » .

D. S.

Lettre de licenciement

À l’attention de M. S., anciennement domicilié à Neuilly-sur-Seine

Monsieur,

Nous sommes au regret de vous informer que, conformément aux dispositions de la période d’essai, nous mettons fin à votre contrat de travail. En effet, depuis votre prise de fonction, nous avons été obligés de constater les manquements suivants. Premièrement, en ce qui concerne votre tenue et présentation pendant vos heures de service : votre expression s’est laissée souvent aller à l’extrême vulgarité ; la dernière en date, lors d’un salon professionnel, étant de traiter un travailleur de « pauvre con » . Le mépris dont vous faites preuve à l’égard de collaborateurs de notre Société, dont vous seriez incapable d’exercer le métier, n’a d’égal que votre incapacité à vous exprimer autrement qu’avec grossièreté. Ce comportement n’est pas compatible avec les valeurs de notre Société. […]

Rappelons que chaque salarié a droit au respect de sa vie privée. Cela signifie, en particulier, que les autres salariés ont droit à ce que votre vie privée n’empiète pas sur leur activité. La publicité abondamment faite autour de vos aventures, divorce ou remariage en un temps record, traduit un manque d’élémentaire pudeur, ou peut-être même une tendance à l’exhibitionnisme. […]

Enfin, nous attirons votre attention sur le fait que des luxueux et ostentatoires séjours de vacances, explicitement payés par des industriels, pourraient être assimilés à des abus de biens sociaux et/ou du trafic d’influence ; là encore, les soupçons ­ qu’ils soient justifiés ou non ­ que vous avez fait naître ne sont pas compatibles avec les valeurs de notre Société.

Deuxièmement, en ce qui concerne l’exercice de vos fonctions proprement dites : vous avez multiplié les annonces, en détournant des termes historiques, pour tenter de vous approprier leur grandeur : « Plan Marshall », « Grenelle », etc.

Malheureusement, une fois l’effet d’annonce passé, ces « Attalissades » se sont délitées, et n’ont abouti à rien de tangible, malgré la gravité des situations ­ environnementale, en particulier ­ pour lesquelles vous avez été nommé. Qui plus est, par cette méthode, vous avez vidé les mots de leur sens ; désormais, donc, votre parole est vide.

En outre, vos annonces sont, pour la plupart, précipitées, mal réfléchies, voire improvisées ; et cela sans aucune concertation avec les directeurs des services concernés. Ces derniers découvrent, stupéfaits, en réunion publique, qu’ils auront à faire fonctionner, par exemple, leur service audiovisuel sans budget publicitaire. […] Ce mode de gestion erratique constitue non seulement une démonstration stricte d’incompétence vis-à-vis de votre fonction, mais encore une gêne pour les directeurs de service à mener convenablement leur activité en fonction des objectifs généraux de notre Société.

Pour couronner le tout, vous multipliez les appels à la croyance religieuse, en contravention pure et simple avec notre règlement intérieur ­ référence 1905.1 ­, qui garantit la liberté de conscience (cela, évidemment, supposant d’avoir une conscience, et d’oeuvrer pour que la liberté existe). Ce dernier point constitue une faute grave qui justifie, à elle seule, la rupture de votre contrat de travail.

Troisièmement, en ce qui concerne la représentation en clientèle : l’activité essentielle de notre Société ne consiste pas à vendre des armes et des centrales nucléaires aux principales dictatures ; notre potentiel est beaucoup plus diversifié.

Vos déplacements en clientèle, pour la plupart très brefs, limités à quelques heures, ont parfois vexé vos hôtes, et en tout cas n’ont pas permis d’établir une relation de confiance avec vos interlocuteurs. Les rapports de nos agents commerciaux se multiplient pour relever les effets désastreux de vos visites ( cf. toute la presse étrangère). Vous avez donc failli à votre devoir de représentation.

Nous remarquons également que vos encouragements à des personnes ayant été élues dans des conditions douteuses sèment le trouble auprès de nos partenaires traditionnels ; sans compter vos interventions malencontreuses, vos déclarations brutales et vos tonitruantes promesses sans lendemain.

En conclusion : vous avez démontré, au cours de votre période d’essai, d’une part votre incapacité à tenir vos fonctions, et d’autre part les effets néfastes que votre « agitationnisme » peut avoir. Négligeant nos multiples rappels à l’ordre, et malgré une incitation financière à redoubler d’efforts (puisque votre salaire a plus que doublé, à votre demande, en cours de période d’essai), nous ne pouvons que regretter d’avoir à tirer la conclusion qui s’impose.

À l’heure où notre Société doit se préparer à assurer la présidence tournante du Syndicat professionnel européen, nous ne pouvons prendre le risque de voir votre incompétence s’élever à la puissance 27, sans mettre en péril non seulement l’image, mais la crédibilité, voire l’activité, de notre Société.

Ainsi, nous, citoyens, actionnaires à 100 % de la société France, constatons, selon l’article 68 de votre contrat de travail, « un manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat » . Nous mettons donc fin, par la présente, à votre contrat.

Afin de ne pas perturber l’élection en cours des directeurs locaux, et pour permettre la nomination de votre remplaçant avant la présidence du Syndicat européen, vous voudrez bien passer au bureau du directeur du Budget le lundi 17 mars pour percevoir votre solde de tout compte.

Nous vous prions d’agréer, monsieur, l’expression de nos sentiments néanmoins les meilleurs.

Les Citoyens français

La maman ou la putain

Et voilà qu’après avoir été taxée de « nymphomane » , elle est maintenant considérée comme une « gourgandine » par Bernard Langlois, dans son bloc-notes. Je parle de Carla Bruni (qui m’indiffère par ailleurs, mais qui est quand même une femme).

Ainsi donc, selon les bons vieux schémas de la maman ou la putain, il y a deux poids, deux mesures : un homme qui collectionne les conquêtes, c’est un séducteur, au pire un don Juan ; une femme qui fait la même chose, c’est une nympho (une pathologie) et une gourgandine (femme de mauvaise vie). Tiens, au fait, un homme de « mauvaise vie », jamais entendu dire !

Politis et/ou Bernard Langlois n’ont-ils jamais eu vent des mouvements féministes, liés d’ailleurs aux mouvements d’émancipation de tous les opprimés~?

Je rappelle que beaucoup de femmes progressistes ou révolutionnaires ont eu une vie intime riche et qu’elles ont eu à se coltiner les bien-pensants, la morale chrétienne et… les hommes : George Sand, Alexandra Kolontaï, Simone de Beauvoir, etc.

Féministes, il y a encore du boulot !

Bernard Langlois, encore un effort, camarade !

Edwige Desjarceaux, Cormeil-Le-Royal (Calvados)

Courrier des lecteurs
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