Les kangourous franciliens

Claude-Marie Vadrot  • 27 novembre 2008 abonné·es

Le 16 novembre, un wallaby, petite espèce de kangourou, a été capturé près des Andelys dans la région parisienne. La presse s’esbaudit et s’étonne en expliquant que c’est la première fois que l’animal australien est aperçu dans le coin. Ignorance étonnante : le wallaby de Bennett vit dans les forêts de l’Ouest parisien depuis qu’il s’est échappé d’un parc zoologique au début des années 1970. Et il se reproduit : la petite colonie, d’abord cantonnée dans la forêt de Rambouillet, essaime progressivement, au point de constituer une concurrence néfaste pour les autres herbivores. Il constitue ce que les naturalistes appellent une espèce invasive. D’autres animaux, relâchés bêtement ou accidentellement sur le territoire français, en infraction avec une loi de 1995, commencent à coloniser les espaces naturels aux dépens des espèces autochtones. Déjà menacée, la biodiversité française souffre de ce genre de concurrence. Trop d’animaux de compagnie, vendus par milliers par les animaleries, se sont installés avant que leur commercialisation ne soit interdite.

C’est le cas de l’écureuil de Corée, dont une dizaine de colonies ont été répertoriées en Île-de-France, gagnant progressivement le reste du pays. Car, démentant les prévisions des naturalistes, il se reproduit, chassant progressivement l’écureuil roux. Comme la tortue dite de Floride, que des dizaines de milliers de parents, lassés du désintérêt de leurs enfants pour la bestiole achetée quelques euros, ont balancée dans les rivières et les étangs. Leur population est actuellement estimée à au moins 500 000, et elles bouffent tout, entrant en guerre contre les tortues indigènes. La même inquiétude existe pour les perruches : échappées des cages ou libérées par des familles lassées, elles seraient au moins un millier à voler en France, dont environ 400 en Île-de-France. En attendant mieux et donc plus. Comme d’autres espèces exotiques, le réchauffement climatique les a sauvées. Comme de nombreux végétaux, insectes et oiseaux jusque-là inconnus. Sans oublier la grenouille-taureau (500 grammes pièce !), qui envahit tout l’ouest de la France depuis 1968.

Aux espèces invasives il faut ajouter les espèces envahissantes comme les sangliers qui, croisés, nourris et relâchés par les chasseurs qui en veulent pour leur argent, sont maintenant plus de 700 000 à ravager le?territoire français. Au point, en 2007, d’avoir provoqué 23 millions d’euros de dégâts dans les cultures.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal
Reportage 26 novembre 2025

En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal

Près de 80 % des activités liées à l’extraction illicite de l’or en Guyane se concentrent sur le Haut-Maroni. Depuis la rive surinamienne, les garimpeiros – orpailleurs clandestins – ont édifié un système bien huilé pour exploiter le sol français.
Par Tristan Dereuddre
Orpaillage : le mercure, un poison pour la terre et les humains
Reportage 26 novembre 2025 abonné·es

Orpaillage : le mercure, un poison pour la terre et les humains

En fin de processus d’extraction, les orpailleurs illégaux utilisent de grandes quantités de mercure pour séparer la terre de l’or. Hautement toxique, ce métal lourd contamine non seulement l’environnement mais aussi les peuples du fleuve Maroni.
Par Tristan Dereuddre
Au Chili, sur l’île de Robinson Crusoé, comment la pêche est restée durable
Reportage 19 novembre 2025 abonné·es

Au Chili, sur l’île de Robinson Crusoé, comment la pêche est restée durable

Perdu au milieu du Pacifique à 670 kilomètres des côtes chiliennes, l’archipel mondialement connu pour avoir inspiré le célèbre roman de Daniel Defoe est aussi un bijou de biodiversité marine que ses habitants ont su conserver depuis plus d’un siècle. Au contraire des ressources terrestres, qui se trouvent dans un état alarmant.
Par Marion Esnault
COP 30 : « Nous, citoyens équatoriens, ne recevons pas la protection qui nous est due par l’État »
Carte blanche 17 novembre 2025

COP 30 : « Nous, citoyens équatoriens, ne recevons pas la protection qui nous est due par l’État »

En Équateur, les conséquences sanitaires l’exploitation d’hydrocarbure, qui pollue l’air et les eaux, sont connues depuis des décennies. Leonela Moncayo, 15 ans, mène un combat contre ces torchères avec les Guerrières de l’Amazonie. Témoignage.
Par Patrick Piro