Contre l’Ayraultport

Un « camp climat » à Notre-Dame-des-Landes réunira des opposants à l’aéroport.

Patrick Piro  • 23 juillet 2009 abonné·es

Notre-Dame-des-Landes ou Notre-Dame-des-Pistes ? L’heure de vérité approche pour le projet d’aéroport « du Grand Ouest », près de Nantes : annoncé depuis quarante ans, il est aujourd’hui obsessionnellement poussé par le maire PS de Nantes, Jean-Marc Ayrault, et soutenu par de nombreux édiles locaux…
En octobre, l’État doit décider de sa participation financière – décisive. Le coût était estimé en 2005 à près de 600 millions d’euros : c’est probablement très sous-estimé. Comme a été grossièrement surestimé, en 1973, le trafic projeté de ce nouvel équipement : 6 millions de passagers en 2000, alors qu’on en prévoit à peine 2,5 millions en 2009 pour Nantes-Atlantique, l’aéroport actuellement en service. Et qui pourrait très bien assurer l’avenir : il reste sous-employé, et ses inconvénients (comme le survol de Nantes) pourraient être fortement atténués moyennant des aménagements que les associations ont fait chiffrer à 65 millions d’euros.
Question de prestige ? Seul le projet de Notre-Dame-des-Landes, rebaptisé « Ayraultport », semble pourtant à la hauteur des ambitions régionales, malgré les incertitudes que font peser les crises énergétique et climatique sur le développement du transport aérien, ainsi que les risques économiques en période de récession. Il faudrait lui sacrifier environ 2 000 hectares de bocage et exproprier une cinquantaine d’exploitants agricoles. Les opposants ne se privent pas de faire la comparaison avec l’aéroport de Genève, qui n’a bétonné que 340 hectares pour servir 10,2 millions de passagers par an.
Aberration sur toute la ligne ? Le gouvernement a pourtant signé le décret d’utilité publique (en février 2008), trois des cinq recours en annulation se dirigent vers un rejet, et les sondages de sol ont déjà commencé à Notre-Dame-des-Landes. Mais les opposants, regroupés au sein de l’association Acipa (1), ne désarment pas. Deux d’entre eux ont été condamnés fin avril à de la prison avec sursis pour avoir entravé les travaux, d’autres ont manifesté quotidiennement pendant près de neuf mois devant le conseil général de Loire-Atlantique.
Le temps fort de la résistance est programmé pour la semaine du 3 au 9 août : un « camp action climat » (2) à Notre-Dame-des-Landes, où des centaines de militants sont attendus pour une rencontre nourrie d’actions, de réflexions, d’échanges d’expériences et de moments festifs. Autogéré, à empreinte écologique minimale, il a pour objectif prioritaire de rassembler suffisamment de forces pour parvenir à enrayer à temps l’absurde machine à bétonner le bocage.

(1) acipa.free.fr
(2) Sur le mode inventé il y a trois ans par les Anglais, il s’en organise cet été dans une quinzaine de pays, notamment en vue du sommet « climat » de Copenhague en décembre (voir climatecamp.org.uk).

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Loi Duplomb : comment le gouvernement éteint les voix paysannes
Décryptage 30 juin 2025 abonné·es

Loi Duplomb : comment le gouvernement éteint les voix paysannes



La « loi Duplomb » est discutée en commission mixte paritaire à partir de ce lundi 30 juin. Le texte ne bénéficiera qu’à une poignée de gros agriculteurs et invisibilise celles et ceux qui défendent une agriculture paysanne et vertueuse.
Par Vanina Delmas
Les cadeaux de Macron à l’agro-industrie
Agriculture 30 juin 2025

Les cadeaux de Macron à l’agro-industrie

La loi Duplomb offre de nombreux cadeaux aux défenseurs de l’agriculture productiviste. Cette générosité a émaillé les deux quinquennats d’Emmanuel Macron notamment en matière de pesticides, de fermes-usines et de mégabassines.
Par Vanina Delmas
« Stop aux marchands de mort » : au blocage de l’usine Phyteurop, avec les opposants aux pesticides
Reportage 27 juin 2025 abonné·es

« Stop aux marchands de mort » : au blocage de l’usine Phyteurop, avec les opposants aux pesticides

Plusieurs centaines de militants, paysans et habitants ont bloqué ce 27 juin cette usine de produits agrochimiques, à Montreuil-Bellay, dans le Maine-et-Loire. À quelques jours du vote de la loi Duplomb, ils dénoncent un système agricole toxique qui empoisonne les corps, les sols et les récits.
Par Maxime Sirvins
VivaTech : le salon des start-ups écocides
Reportage 13 juin 2025 abonné·es

VivaTech : le salon des start-ups écocides

Paris accueille Viva Technology, le plus grand salon européen dédié au secteur de la tech et aux start-ups. Dans ce temple de la sacro-sainte innovation, l’écologie est l’éternelle absente, cantonnée à de néfastes inventions technosolutionnistes.
Par Thomas Lefèvre