Mon toit à moi

Une série de témoignages radiophoniques sur l’emménagement de jeunes dans leur premier appartement.

Jean-Claude Renard  • 19 novembre 2009 abonné·es

Selon les dernières enquêtes de l’Insee, 50 % des jeunes entre 18 et 29 ans vivent loin du nid familial, et l’âge moyen du départ se situe autour de 22 ou 23 ans, les filles quittant le domicile des parents un peu plus tôt. On est donc loin de l’idée véhiculée par le film d’Étienne Chatiliez, Tanguy, réalisé en 2001, qui voit un éternel adolescent installé jusqu’à près de 30 ans chez papa maman.

Aujourd’hui encore, malgré l’allongement des études, la difficulté à trouver un emploi, le rêve d’emménager dans son propre appartement reste fort. Quand bien même les prix des loyers sont devenus prohibitifs dans les grandes ville, oscillant entre 400 et 700 euros pour un studio.
Selon le principe de « Ma Première Nuit », Joseph Beauregard avait déjà livré un travail radiophonique remarquable sur la prison. Renforcé par les études de l’Insee, ce nouveau recueil de cinq témoignages s’inscrit à rebours des idées reçues. Où transpire le désir. « Qu’on se souvienne, observe Joseph Beauregard. Jeunes, nous n’avions souvent qu’une idée en tête : quitter le toit familial pour vivre notre vie. Parfois, même, les parents nous y encourageaient… La chambre de bonne au septième étage sans ascenseur avec douche et WC sur le palier, la chambre en résidence universitaire ou la colocation étudiante, autant de moyens de s’affranchir. On avait envie de découvrir les joies du premier déménagement en solitaire ou en couple, la lessive à la laverie du coin, la vaisselle sale dans l’évier, le ménage, la cuisine à la va-vite et l’indépendance dans sa vie sentimentale… Tout ça avait la couleur et l’odeur de la liberté. »

Une couleur et une odeur qui ­restent prégnantes, évidentes dans la pluralité des voix, des sentiments, parfois contradictoires, et des situations évoquées par cinq jeunes personnes. Où se mêlent la jubilation, l’inquiétude, la maladresse, l’ivresse de la nouveauté, l’emballement dans le déballage de cartons, jusqu’au détail dans le souvenir de talons féminins martelant le pavé en bas de son chez-soi. Interrogeant la jeunesse sur cette nuit singulière, le réalisateur humaniste donne à entendre la fin de l’adolescence et l’entrée dans la vie adulte, *« autrement dit, le passage d’une rive à l’autre ».
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Société
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