FSM : solutions anticrise

Le rassemblement altermondialiste, qui fête dix ans d’existence cette année, veut répondre à la crise.

Patrick Piro  • 21 janvier 2010 abonné·es
FSM : solutions anticrise

Janvier 2001 : le Forum social mondial (FSM) naît dans la ville brésilienne de Porto Alegre. Une décennie plus tard, plus d’une trentaine de forums estampillés « FSM 2010 » sont prévus en Amérique latine, en Afrique, en Asie du Sud, au Moyen-Orient, en Amérique du Nord et en Europe, de janvier à décembre [^2]. Avec un thème de réflexion partagé : quelle réponse à la crise planétaire globale ?
Jusqu’en 2006, le FSM était organisé chaque année dans une ville unique. Depuis, il se tient alternativement, un an sur deux, en plusieurs lieux de la planète. En l’espace de dix ans, le rassemblement altermondialiste est parvenu à essaimer largement au-delà de son cocon d’origine – le Brésil et la France.

Dans ce dernier pays, la mouvance altermondialiste, longtemps incarnée par l’association Attac, a perdu de sa visibilité, subissant une normalisation en partie occasionnée par les défaites successives de la gauche (on peut en dire autant pour les autres pays européens). L’essor récent d’Europe Écologie, qui abrite une aile altermondialiste autour de l’eurodéputé José Bové, pourrait cependant lui offrir quelques débouchés politiques.
C’est en Amérique latine que le mouvement reste le plus dynamique. Le sous-continent accueillera un tiers des événements du FSM 2010. C’est la ville de Porto Alegre et les communes périphériques qui inaugureront la série, avec près de 500 actions et manifestations fin janvier. La plus importante d’entre elles : un séminaire ­international de cinq jours (25-29 janvier) consacré au bilan de dix ans de FSM, ainsi qu’à son avenir. Environ 70 intellectuels et dirigeants de mouvements, parmi lesquels les principaux animateurs du FSM pendant la décennie écoulée, sont invités à s’exprimer. Des éléments nouveaux alimenteront les débats : la montée en puissance de l’expression de peuples autochtones, notamment en Amérique latine, où ils sont de plus en plus structurés, et au-delà des frontières nationales ; ainsi que la convergence de luttes sociales et environnementales sous la bannière de la « justice climatique », amorcée en décembre lors du sommet de Copenhague.

Signe de l’intérêt que suscitent les manifestations de Porto Alegre : au moins trois chefs d’État (de gauche) sont annoncés – Lula (Brésil), Morales (Bolivie), Lugo (Paraguay) –, ainsi que plusieurs personnalités politiques brésiliennes : le pays est en campagne électoral, pour élire en octobre 2010 le successeur de Lula. Une partie des intervenants de Porto Alegre se retrouveront ensuite dans la ville brésilienne de Salvador (29-31 janvier) pour un important forum sur la crise et les relations entre la société civile et le pouvoir politique – question qui traverse le FSM depuis son origine. Les organisateurs attendent 50 000 personnes.

[^2]: Parmi les plus notables des forums : Alternatives à la crise financière (Mexico, 2-4 mai), Forum social états-unien (Detroit, 22-26 juin), Crise de civilisation, bien vivre et paradigmes alternatifs (Cuzco, Pérou, juin), Forum social européen (Istanbul, 1-4 juillet), Migrations (Quito, octobre), Éducation (Palestine, 28-31 octobre , à confirmer), Travail (Algérie, novembre), Forum social irakien (à confirmer). Voir

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