Une vie dans l’histoire

Entre archives
et témoignages,
Joël Calmettes dessine
un portrait méconnu
de Nelson Mandela.

Jean-Claude Renard  • 4 février 2010 abonné·es

une icône et une légende vivante. C’est l’incarnation même de « la victoire éclatante et réjouissante de la justice sur la force, de l’espoir sur la résignation, de la vie sur la soumission ». Avec vingt-sept années de prison au moment où il est enfin libéré, en 1990. Le résumé de cette existence est aussi un avant-propos. Ça pose le sujet, ça en impose aussi. Fils d’agriculteur, Nelson Mandela a été successivement berger, élevé par un roi, gardien dans une mine d’or, boxeur assidu entre les cordes, étudiant à l’université du Cap (la seule à accepter les Noirs), stagiaire dans un cabinet d’avocats… Africaniste, non-violent puis partisan de la lutte armée, largement influencé par Gandhi, négociant lui-même, pendant plusieurs années, sa libération avec le gouvernement de l’apartheid.
Ce sont là quelques éléments biographiques peu connus. Mandela avant Mandela. Des éléments que rapporte Joël Calmettes dans ce documentaire biographique (porté par la musique de Louis Sclavis), qui s’ouvre sur les lieux d’origine, dans les espaces infinis de la province du Transkei, en Afrique du Sud.

De bout en bout, Joël Calmettes mêle images d’archives et témoignages, les uns renforçant les autres, dessinant la vie d’un homme qui se confond avec l’histoire de son pays, la grande histoire d’un continent dans le XXe siècle.
Aux témoignages de poids, tels ceux de Nadine Gordimer, Desmond Tutu, Frederik De Klerk, Pik Botha, différents compagnons de lutte et opposants, le réalisateur ajoute donc des archives, personnelles, familiales et historiques : la case dans le village d’enfance, les combats de bâtons (rituels dans la tribu), les danses et les fêtes traditionnelles, les violences de la discrimination dans les années 1930 (Mandela est né en 1928), les clubs de jazz et les rings fréquentés par le futur chef d’État, la maison de 9 m2 dans la banlieue ­pauvre de Johannesburg qu’il occupa à ses débuts au barreau, la ren­contre de Walter Sisulu à l’ANC, les massacres de Sharpeville (mars 1960), l’entrée dans la clandestinité, la première interview filmée, la comparution à son procès, en 1962, en costume traditionnel, les images de la prison de Robben Island, la succession d’émeutes dans les townships.

Si, curieusement, Nelson Mandela n’a jamais fait l’objet d’un documentaire en France, pour Joël Calmettes, il s’agit, sans tomber dans l’hagiographie, de « montrer comment un homme peut, à force de courage, d’intelligence et d’abnégation, parvenir à donner un sens supérieur à sa vie ».

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