Pistes pour un autre plan

Thierry Brun  • 13 mai 2010 abonné·es

Les conseils européens, notamment celui des ministres des Finances, ont en peu de jours levé quelques tabous avec l’annonce d’un plan de secours aux pays européens en difficulté. La création d’un fonds de stabilisation européen pour ces États et l’intervention de la Banque centrale européenne sur les marchés obligataires créent en effet une rupture sans précédent, qui ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin.

Car pourquoi se contenter de mesures énergiques pour redonner confiance à des marchés qui ont provoqué la crise économique ? Les dirigeants de l’Union européenne devraient aller jusqu’au bout de leur démarche et reprendre la main sur les marchés financiers, puisque les traités européens de Lisbonne et de Maastricht ont montré leur inefficacité. En veine de réformes économiques, il serait judicieux pour les gouvernants de?l’Union de mettre en place une vraie banque publique européenne pour les emprunts publics et de soustraire à la spéculation les dettes insupportables des États et d’autres institutions publiques.

L’Union pourrait aussi interdire les outils spéculatifs sur la dette des États que sont les « Credit Default Swaps » (CDS) et veiller au contrôle des agences de notation financières privées, qui ont toujours les mains libres. Allons plus loin, les États européens devraient logiquement mettre en place une fiscalité, bâtir un budget européen et ne pas se contenter d’un « fonds de stabilisation ».

Il reste aux institutions européennes à?lever un dernier tabou, celui du pacte de stabilité et des plans d’austérité qui lui sont liés. Persévérer dans l’erreur en exigeant des plans de rigueur drastiques plaît sans doute aux marchés financiers mais étouffe l’Europe sociale et la reprise économique.
Il est temps de rompre aussi avec cette logique de dumping fiscal, social et salarial. C’est cette rupture qui manque cruellement au plan de sauvetage de la zone euro. Plutôt que de soutenir les marchés financiers, des mesures de soutien à l’économie, avec une réforme de la fiscalité en taxant l’industrie financière et les ménages les plus riches, pouvaient compléter le dispositif.

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