Le geste utile : Faire son compost en appartement

Patrick Piro  • 10 juin 2010 abonné·es

Que faire ?

Mais… et les odeurs ? Et s’ils prolifèrent, et s’ils s’échappent ? Réponses : tout faux ! Récurrentes et passionnantes, les appréhensions envers le lombricompostage ! C’est-à-dire le compost avec des vers de terre, et en appartement. Rien d’extrême, pourtant : il s’agit d’un simple conteneur (les plus petits ont le format d’une boîte à chaussures) contenant un peu de terre et des vers de terre, que vous alimentez avec vos déchets végétaux, régulièrement. Et la nature se débrouille toute seule ensuite ! On peut mettre des boîtes d’œufs en carton mâché, des mouchoirs jetables usagés et même du papier journal (pas glacé). Évitez seulement les restes d’origine animale, les agrumes, ail et oignons, que les vers ne prisent guère. Ils mangent, et leurs déjections fabriquent de l’humus. Ça sent la terre – ça ne pue pas, car il n’y a pas de fermentation. La boîte peut donc être laissée dans une cuisine (si, si !) à défaut de balcon.

Quelques notions rassurantes sur la biologie des bestioles : elles détestent la lumière, elles restent donc dans leur terre. Et pourquoi quitter le « resto » ? En plus, pas moyen de pousser le couvercle ! La population ajuste sa reproduction à la quantité d’aliments disponible. Au bout de deux semaines de diète, ils commencent à mourir. Prévoir donc un voisin pour une ou deux livraisons d’épluchures pendant les vacances. Il y a différents compartiments : quand le compost est « mûr » (en 3 à 4 mois) dans l’un, on le récupère (les vers ont filé dans une section à nourriture fraîche) pour l’épandre au pied de ses plantes. Certains modèles plus élaborés délivrent en outre un jus concentré, excellent engrais après dilution. En cas de surproduction, offrez-en à vos voisins. Autre astuce : mettez-vous de mèche avec des jardins familiaux, votre compost sera bien accueilli.

Pourquoi ?

Composter est le geste « déchets » le plus efficace. La matière organique (compostable) représente 30 % de nos poubelles domestiques. La destiner à l’incinérateur (transport, énergie, etc.) est une belle aberration : elle est valorisable, très simplement et à domicile. Et le lombri­compostage est la réponse à ceux qui pensent qu’il faut habiter à la campagne ou posséder un bout de jardin. Les vers à domicile : le compost pour tous, même en immeuble ! Dernier atout : pour ranimer une conversation qui s’étiole, racontez que vous lombricompostez, succès garanti !

Comment ?

• Il existe plusieurs modèles sur le marché. Les vedettes (Can-o-worms, Moulibox, etc.,
voir leurs sites) sont livrables par la poste (vers compris, dans leur terre).

• Prix : de 35 à 150 euros selon taille et sophistication.

• Sur Internet, le sujet passionne ! Mot-clé : lombricompostage.
Allez-y perdre vos dernières réticences. On trouve même des sites pour construire son propre composteur d’appartement (www.worgamic.org).

• Twist le Lombric : un petit livre parfait pour mettre les enfants dans le coup.
Flora Bernard, éd. Viatao, 11,90 euros.

Écologie
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