La préférence de Gauche unitaire

La candidature Mélenchon a les faveurs du mouvement de Christian Picquet, qui tenait son premier congrès le week-end dernier.

Michel Soudais  • 10 février 2011 abonné·es

Christian Picquet n’a pas biaisé. « Jean-Luc [Mélenchon], dont la candidature a été mise à la disposition du Front de gauche, peut être notre candidat. Il peut être le candidat du Front de gauche » , a déclaré le porte-parole de la Gauche unitaire (GU) en clôture de son congrès. Certes, comme il l’a rappelé, la GU ne formulera son « choix définitif » sur l’ensemble du dispositif électoral du Front de gauche qu’au début du printemps, « à l’occasion d’une conférence nationale » . Mais, en annonçant d’ores et déjà « la tendance qui se dégage » et la « préférence » de sa formation, Christian Picquet donne un coup de pouce à la candidature du coprésident du Parti de gauche, présent à ses côtés sur la tribune, avec Marie-George Buffet.
Membre du Front de gauche depuis sa création en mars 2009, la GU, constituée à l’origine par des membres du courant minoritaire de l’ancienne Ligue communiste révolutionnaire en désaccord avec l’orientation du NPA, avait déjà fait savoir qu’elle ne proposerait pas « de candidature à la candidature afin de ne pas délivrer un message qui […] serait totalement contre-productif » . La veille, plusieurs des 121 délégués avaient fait part de leurs réserves à l’encontre d’un candidat qui fait plus entendre le « je » que le « nous » , certains mettant en garde contre la tentation de s’en remettre à un « sauveur suprême » .

Christian Picquet n’ignore rien de ses objections quand, en annonçant la « préférence » de son mouvement, il rappelle que la présence du Front de gauche en 2012 « ne se résumera pas à une unique figure s’insérant dans la course à l’Élysée » mais devra être « portée par des centaines et des centaines de candidats qui aborderont ensemble les deux échéances inévitablement mêlées, la présidentielle et les législatives » .

Le choix de Mélenchon, s’il est confirmé, ne sera pas pour la GU un choix de cœur mais de raison. Celui qui répond le plus aux « deux critères » que la GU s’est fixés pour choisir une candidature : qu’elle « soit la mieux à même de porter avec force notre voix à tous et nos propositions sur le théâtre électoral » et qu’elle « puisse incarner avec le plus de volonté possible le caractère collectif » du Front de gauche.

Au cours du week-end, les congressistes étaient moins préoccupés par cette candidature que par « l’atonie » de la gauche face à la droite et au FN, et l’inexistence collective du Front de gauche dans le mouvement social sur les retraites. Un Front de gauche qu’ils souhaitent « élargir et enraciner » . Un appel en ce sens adressé « tout particulièrement aux militants du mouvement social, aux syndicalistes et aux militants associatifs » a été adopté à l’unanimité. Dans ce texte, la GU, qui vise la création à terme d’un Die Linke français, soutient la création de collectifs locaux du Front de gauche ouverts à tous.

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