The Erasers : «  Nous cherchons à montrer la vérité crue »

Lucie Legeay  • 20 mai 2011
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The Erasers est un collectif grec, sorte d’Ovni dans la sphère VJ (prononcer comme « DJ », voir notre article sur le festival Vision’r). « War is war » est leur concept, unique. Mélange corrosif et militant entre le théâtre, le cinéma, et la musique, cette performance mobilise jusqu’à sept membres actifs sur scène. Pyrotechnie, destructions, jeux d’encre et jeux d’acteurs, les situations s’enchainent et interpellent. La performance a fait le tour du monde en deux ans : en Grèce, à Genève (Suisse), à Montpellier (France), à Rio de Janeiro (Brésil), à Londres (Grande-Bretagne), … Plus habitués à présenter leur travail dans des galeries d’art, des théâtres ou des cinémas, Kinomatik Von Reich, Schizograph et Mr. Comfort ont investi cette année les planches du festival Vision’r, à Paris.

Illustration - The Erasers : «  Nous cherchons à montrer la vérité crue »

Pouvez-vous définir votre concept de performances ?

Nous venons tous de différents milieux, comme le théâtre, le cinéma, la photographie, la musique ou la programmation. Tous les membres du collectif ont leur domaine de prédilection. Dès le début, nous avons commencé à faire du live avec une seule caméra. Puis, avec le temps, nous avons rajouté de plus en plus de caméras pour filmer les performances et les transmettre en direct. Nous tenons particulièrement au mélange théâtre et cinéma. Nous ne nous considérons pas comme des « VJs », nous préférons le terme de « live camera ». Pour un même thème, comme ici « War is war », nous proposons, pour chaque pays, une version différente. Ainsi, en France, nous utilisons le journal « Libération » pour accrocher le public.

Comment ça marche ?

Nous utilisons trois ou quatre caméras live, qui sont reliées à un mixeur vidéo. Une table de montage et des logiciels de montage (Modulate et Final Cut) sont indispensables pour la partie finale. Le travail se fait sur trois écrans différents : nous coupons, ajustons les images qui nous arrivent directement des caméras. Nous diffusons ensuite les images en live sur des écrans géants.

D’où vient cet engagement militant dans votre performance « War is War » ?

Nous sommes dans un monde d’images violentes : nous cherchons à établir un dialogue avec notre public sur des questions globales. Nous ne prenons pas parti, nous ne cherchons pas à faire un plaidoyer ; seulement à montrer la vérité crue, sans artifices, sur ce qui se passe dans le monde.

Votre pays, la Grèce, touché par des vagues de violences depuis la mise sous tutelle par le FMI l’année dernière, vous inspire-t-il dans votre performance ?

Nous venons de Grèce, un pays secoué par une crise sans précédent. Pourtant, nous ne voulons pas que la situation devienne un argument marketing. Nous ne tenons pas à ce que notre nom, notre performance, soit associée aux événements en Grèce. La violence existe absolument partout sur la planète.

Quelle est la réaction du public à vos performances spectaculaires ?

Nous sommes honnêtes dans notre travail et nous attendons la même chose en retour. Nous allons souvent à la rencontre du public pour connaître leurs impressions, ce qui est perçu de la performance. Certains voient dans « War is War » une réflexion sur la mémoire, d’autres des images chocs permettant une prise de conscience sur la guerre. Chaque individu peut se reconnaitre dans nos performances, suivant sa situation personnelle et sa vision de ce qui l’entoure.

Quel est votre projet futur ?

Il se nomme « Repulsion 6 », basé sur le film de Roman Polanski, Répulsion . Nous ferons appel à six actrices et six caméramans. Un appartement de six pièces accueillera le tournage. Chacune d’elle sera occupée par une actrice et un cameraman. L’émission de ces six performances sera retransmise par le même procédé que pour « War is War ».

Illustration - The Erasers : «  Nous cherchons à montrer la vérité crue »


Illustration - The Erasers : «  Nous cherchons à montrer la vérité crue »

Culture
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