Annie Ernaux, l’aventure collective de la vie

Deux parutions : l’œuvre quasi intégrale d’Annie Ernaux et des extraits de son journal d’écriture.

Christophe Kantcheff  • 10 novembre 2011 abonné·es

Le Quarto que Gallimard consacre à Annie Ernaux est à l’image de la place singulière que celle-ci occupe dans le paysage littéraire : il ne ressemble à aucun autre. Si on retrouve la quasi-­intégralité de son œuvre, et donc tous ses grands livres –  la Place, Une femme, Passion simple, l’Événement, les Années…  –, ceux-ci ne sont pas classés dans l’ordre de leur parution, mais en fonction du moment de la vie de l’auteur qu’ils racontent, de l’enfance à aujourd’hui.

Pas de biographie non plus en ouverture, mais des extraits de son journal et des photos du quotidien (dont celle que nous publions ci-contre), où Annie Ernaux apparaît, parfois avec ses proches, à tous les âges.

Écrire la vie est le titre de ce volume, qui contient aussi des textes publiés en revue, et non « écrire sa vie » . La nuance est essentielle, car elle indique l’ambition d’Annie Ernaux d’atteindre, à travers sa propre personne, cette aventure collective mais vécue individuellement qui s’appelle la vie, et qui s’inscrit dans la grande histoire. Une ambition unique pour une œuvre de tout premier plan.

Œuvre dont on peut suivre les soubassements grâce à la publication de l’Atelier noir, larges extraits du journal d’écriture tenu par Annie Ernaux depuis 1982. Outre le témoignage d’une recherche intransigeante de « la forme la plus apte à saisir la vérité » , ce livre, où le projet des Années, publié en 2008, est esquissé dès 1983 (!), atteste de l’engagement de toute une existence dans l’écriture. Ce que cela signifie de travail, de doutes, d’exigence. Et, dans le cas d’Annie Ernaux tout particulièrement, de courage.

Culture
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