Mauvaise Grèce

Quand les éditorialistes s’entendent
sur le sort du peuple grec, qui l’a bien cherché quand même !

Jean-Claude Renard  • 8 mars 2012 abonné·es

C’est passé inaperçu. Dans l’émission «  Des paroles et des actes » du 23 février, après le faux débat entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, intervenait Franz-Olivier Giesbert face à la candidate frontiste. L’occasion pour lui de revenir sur l’Europe : « Les pauvres Grecs se sont mis dedans eux-mêmes ! En ne payant pas d’impôts, en payant très cher leurs fonctionnaires, en donnant des retraites très tôt ! Ils ont vécu aux crochets de l’Europe et, en plus, ils ont menti. » Personne ne l’a repris.

À vrai dire, le directeur du Point[^2] a tenu un discours très répandu le mois dernier par quelques chroniqueurs et éditorialistes. Comme Jean-Michel Apathie (RTL) jugeant que « les demandes du FMI, les demandes de la Commission européenne, celles de l’Allemagne, sont légitimes » , tandis qu’Alain Duhamel (Europe 1) estime que « ce n’est pas l’Europe qui a 40 % de son économie qui est parallèle, clandestine, c’est-à-dire illégale » .

Toujours au Point, et chroniqueur sur RMC, Hervé Gattegno s’est dit touché par les malheurs des Grecs. « Cela dit, les images des bâtiments en flammes et des manifestants qui affrontent la police en criant à la dictature provoquent l’effet inverse. Et les sanglots hypocrites de ceux qui dénoncent la mise sous tutelle de la Grèce par la méchante Europe et les vilains banquiers ont de quoi exaspérer. […] Il y a des plans d’économie dans d’autres pays sans qu’on y voie des émeutes. » Les Grecs ? Tous des voleurs qu’on vous dit.

[^2]: FOG n’est pas à une idiotie près. Le lendemain, sur France Inter, dans « Comme on nous parle » , animée alors par Ali Rebeihi, tandis que le débat portait sur la Syrie, Giesbert préférait s’enthousiasmer sur la vente des Rafale et sur les chances de The Artist aux oscars.

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