L’Europe face à l’appétit des firmes

Malgré les moratoires, dans divers pays, les énergéticiens préparent l’exploitation.

Patrick Piro  • 30 mai 2013 abonné·es

La plupart des pays européens connaissent des mobilisations contre l’exploitation du gaz de schiste. La situation légale est cependant assez disparate, et chaque État membre garde la liberté de son cadre juridique en l’absence de politique communautaire en matière d’énergie. La Pologne et l’Espagne mènent des projets d’exploitation. À l’opposé, la France et la Bulgarie ont interdit la fracturation hydraulique, ce qui bloque tout projet de facto. En Autriche, en Norvège ou en Suède, c’est au nom d’un manque actuel de viabilité économique pour l’extraction que l’on a jeté l’éponge.

D’autres pays ont adopté des moratoires à portées diverses : Danemark, Irlande, République tchèque, Roumanie, Rhénanie du Nord-Westphalie en Allemagne, où les Länder ont des prérogatives importantes en matière d’énergie. D’autres pays, comme les Pays-Bas, le Royaume-Uni (favorable au gaz de schiste) ou la Suisse ont pu délivrer des permis, mais attendent le résultat des évaluations environnementales avant de s’engager plus avant. Tout cela n’empêche pas les énergéticiens de prendre position dès qu’ils le peuvent. En Pologne, les opérateurs sont presque tous nord-américains. Chevron est notamment présent en Lituanie, en Pologne et en Roumanie. Exxon a travaillé en Hongrie et a des visées très étendues en Allemagne. ConocoPhillips est en Pologne, etc. C’est cependant l’Anglo-néerlandais Shell qui a fait le pari le plus important – il est vrai hors d’Europe : un contrat à 10 milliards de dollars pour creuser 15 puits d’essai en Ukraine. Enfin, les Français ne sont pas en reste. Total, soumis au moratoire hexagonal, est cependant actif à l’étranger, disposant d’une filiale au Canada, de permis au Danemark, de projets en Pologne. Si la situation se débloque en France, nul doute que les opérateurs nationaux seront sur les rangs pour revendiquer leur part du gâteau.

Écologie
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