« Suspendre » un café

Seul vrai problème : trouver les établissements qui jouent le jeu.

Politis  • 7 novembre 2013 abonné·es

Que faire ?

Quand vous payez votre petit noir au comptoir, doublez la mise. Plus tard, une personne dans le besoin viendra peut-être boire ce café prépayé à votre santé… La bonne idée vient d’Italie, qui, non contente d’avoir inventé l’ espresso, a aussi imaginé le « caffè sospeso » (« café suspendu » ou « café en attente »), une pratique qui remonte à belle lurette dans les bars napolitains. Cette vénérable tradition tombée en désuétude (à l’instar de notre « assiette du pauvre ») revient à la mode en Italie. Au point qu’elle a, depuis deux ans, sa journée officielle, le 10 décembre. Alors, si on importait la mode italienne en France ? Et si on l’élargissait ? « Croissant suspendu », « repas suspendu », « vêtements suspendus »… À voir, par contre, pour les cigarettes et les ballons de rouge – mais, après tout, il n’est pas interdit de (se) faire plaisir, tant que cela reste dans les limites de la légalité. À Bordeaux, la boulangerie À la recherche du pain perdu vient ainsi de lancer le principe de la « baguette suspendue » (voilà qui aurait évité bien des ennuis à Jean Valjean !). Non loin de là, les habitués de Chez Fred offrent depuis six mois avec plaisir des « cafés suspendus » à leurs compagnons de comptoir. Seul vrai problème : trouver les (rares) établissements qui jouent le jeu près de chez vous. À Paris, par exemple, ils se comptent sur les doigts de la main. Même si, flairant sans doute le bon plan marketing (mais que voulez-vous…), le Starbucks en face de la bibliothèque François-Mitterrand s’y est mis – les mauvaises langues diront que la chaîne ferait mieux, d’abord, de payer ses impôts… Quoi qu’il en soit, pour trouver votre bonheur, rendez-vous sur www.coffeefunders.fr, un site qui recense les établissements participants sur toute la France. Mais aussi sur Facebook, où vous pourrez rejoindre la page des aficionados du « café suspendu ». Le mieux est encore d’en toucher deux mots à votre cafetier à l’heure du petit noir… voire de lui glisser ce « Geste utile ».

Pourquoi ?

Ce qu’il y a de bien, avec la générosité, c’est que le bonheur des uns fait le bonheur des autres. Avec le « café suspendu » on est/rend heureux pour trois clopinettes. Pour un sans-abri qui se gèle dans le froid, un caoua bien chaud suffit parfois à rappeler que l’humanité n’est pas un vain mot. Mais ce n’est pas une raison pour laisser tomber vos associations de cœur. Ni pour cesser de militer pour la seule vraie garantie d’une redistribution juste des richesses : celle de l’État.

Comment ?

  • Le site Facebook des « fans » du café suspendu : www.facebook.com/CafeSupendu
  • Le « google maps » du café suspendu : www.coffeefunders.fr/fr.
  • Une application mobile est prévue pour cet automne.
Le geste utile
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