Arrêter l’épilation

Le marché de l’épilation pèse aujourd’hui 5 milliards de dollars.

Pauline Graulle  • 17 juillet 2014 abonné·es

Que faire ?

Se sentir libre de jeter son rasoir, sa crème dépilatoire, sa pince à épiler… et assumer. Évidemment, s’exposer 100 % naturelle sur la plage cet été relève de la gageure. Alors, s’il est habituel au Canada, par exemple, de croiser des féministes arborant fièrement des jambes velues sous leur minijupe, mieux vaut, dans nos pays latins, procéder par étapes et commencer par laisser à tous les vents vos seules aisselles. Si vous sentiez poindre une petite baisse de motivation, rendez-vous sur la page Facebook « Tous à poil et poil pour tous ! » : vous y trouverez une mine d’infos ainsi que le chaleureux soutien des 900 inscrits.

Pourquoi ?

Le débat peut sembler futile, il est éminemment politique. Ainsi, bien qu’elle nous semble « naturelle », la traque du poil nous est intimée par les normes « esthétiques » venues des films X puis banalisées par la publicité, mais aussi par l’industrie cosmétique, qui s’engraisse de ce commerce juteux… et extensible : aux États-Unis, 80 % des étudiants hommes avouent désormais s’arracher tout ou partie de leurs poils pubiens. Résultat, le marché de l’épilation n’a cessé de s’étendre, pour peser aujourd’hui près de 5 milliards de dollars. Or, s’épiler devrait être un choix ! Hélas, à force de lavages de cerveau, le poil est devenu tabou : comme l’a montré Mona Chollet dans Beauté fatale (éd. Zones), la beauté, synonyme de peau glabre, est devenue un véritable diktat auquel il est devenu quasiment impossible de se soustraire. Pourtant, arrêter de s’épiler est une mesure de bon sens : économie de temps (selon une étude américaine, les femmes passeraient 72 jours de leur vie à se raser les jambes !), d’argent, de déchets… et de douleur. Au passage, vous vous épargnerez aussi la fréquentation d’enseignes d’épilation low cost (comme Bodyminute), où de jeunes esthéticiennes sous-payées arrachent du poil à la chaîne dans des cages à lapin. Si la pilophobie s’est aussi emparée des hommes, le refus de s’épiler reste un combat féministe de plus en plus tendance. Invitée de Canal + début juin, l’actrice Cameron Diaz s’est lancée dans un plaidoyer pour le poil pubien. Et, à Hollywood, Julia Roberts ou Madonna n’hésitent plus à sortir avec les aisselles velues. Preuve que l’épilation est une prison dont de plus en plus de personnes aimeraient sortir !

Comment ?

  • www.facebook.com/groups/tous.a.poil.et.poil.pour.tous (attention, groupe fermé).
  • Lire aussi le très instructif Défense du poil, du journaliste Stéphane Rose, éd. La Musardine.
Le geste utile
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