Demain, c’est « chasse aux DRH » dans le bois de Boulogne

Un ensemble de militants des mouvements sociaux, d’intellectuels et d’acteurs du « cortège de tête » appellent à troubler une petite fête entre Muriel Pénicaud et un cartel de DRH, jeudi au restaurant Le Pré Catelan à Paris. Une convergence originale à observer.

Vincent Richard  • 11 octobre 2017
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Demain, c’est « chasse aux DRH » dans le bois de Boulogne
© Montage réalisé par les organisateurs de la manifestation, disponible sur leur site chasseauxdrh.com

Comment ne pas songer à s’y inviter en masse ce jour-là, et à leur faire leur fête à eux aussi ? Est-il raisonnable de laisser les DRH d’Engie, Bouygues, Michelin, Société générale, Carrefour, Air France, Canal +, McDonald’s, La Française des jeux, La Poste, Renault, Orange, Carrefour, etc., méditer tranquillement les prochains coups qu’ils entendent nous porter, quand on sait que c’est en nombre de suicides, de « burn out », de dépressions, de démissions ou juste de malheur et de misère que se mesure, en règle générale, le succès de leurs stratégies RH innovantes ?

Les DRH ont la reconnaissance du ventre : demain, au Pré Catelan, un restaurant chic en plein bois de Boulogne dans le XVIe arrondissement de Paris, ils invitent Muriel Pénicaud, ministre du Travail et championne de la casse des droits des salariés{: target= »blank » }. Grâce à elle et ses ordonnances, les DRH seront encore plus libres qu’avant de traiter leurs salariés comme une ressource parmi d’autres, qu’on peut licencier, faire travailler plus, payer moins, en fonction des besoins de l’entreprise. Un tel coup de pouce, cela valait bien un petit 3 étoiles au Michelin.

Mais dans un appel publié sur Mediapart, intitulé « Pénicaud au Pré Catelan, le bois de Boulogne aux fainéants ! », un ensemble d’acteurs du monde syndical et associatifs, ainsi que des intellectuels, appellent à venir troubler la fête :

Parmi les signataires, on trouve des personnalités aussi diverses qu’Éric Beynel, porte-parole de l’union syndicale Solidaires, et des syndicalistes CGT, mais aussi Laurence De Cock, historienne et militante pédagogique, Bernard Friot, économiste, Xavier Mathieu, comédien et ex-animateur de la lutte des Conti, ou encore l’écrivain Gérard Mordillat. Et la convergence ne s’arrête pas là : cette « chasse aux DRH », tel que l’événement est dorénavant appelé sur Internet et les réseaux sociaux{: target= »blank » }, est aussi promue sur Lundi.am, site d’information lié à la mouvance présente dans le « cortège de tête »{: target= »blank » } qui ouvre les manifestations depuis le mouvement contre la loi El Khomri, dans un style encore un peu plus imagé :

Puisqu’il n’est pas sûr que nous ayons tous en poche les 2578,80 euros qui nous ouvriraient les portes du petit raout du Pré Catelan, comment ne pas songer à en bloquer l’accès à nos DRH bien-aimés, voire à les y confiner et à les enfumer dans leur terrier.

Pour la première fois donc, une initiative réunit les syndicalistes de lutte et des militants de la mouvance autonome, alors que dans le cadre des manifestations, les premiers ont tendance à critiquer la tactique insurrectionnelle des seconds, et les seconds à se plaindre du manque de soutien des premiers face à la répression policière. Même si l’objectif de blocage du congrès des DRH est avant tout symbolique, il faudra garder un œil sur les suites éventuelles de cette convergence des stratégies radicales de lutte.

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