Ce que nous pourrions faire, hors de l’UE et du capitalisme

Tribune. Pour le collectif des citoyens souverains, une politique sociale ambitieuse nécessite donc de sortir de l’euro et des traités budgétaires, ainsi que de suspendre le remboursement de la dette aux marchés financiers.

Collectif  • 22 mai 2019
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Ce que nous pourrions faire, hors de l’UE et du capitalisme
© crédit photo : SIMON GUILLEMIN / HANS LUCAS

Le formidable soulèvement des gilets jaunes a rappelé le fossé béant entre une classe dominante toujours plus privilégiée, et l’immense majorité de la population touchée de plein fouet par l’austérité, le chômage, la pollution, les cancers, les discriminations sexistes et racistes. Neuf millions de personnes vivent avec moins de 1 000 euros par mois, et l’écart d’espérance de vie entre les plus riches et les plus pauvres atteint 13 années chez les hommes, et 8 années chez les femmes.

C’est dans ce contexte explosif que s’est déroulée une campagne électorale lunaire, où les listes de gauche nous ont toutes promis d’instaurer un smic ou une taxe carbone à l’échelle de toute l’UE, ce qu’elles savent être absolument impossible. Convaincu.e.s que la cause principale de nos maux réside dans la privation de la souveraineté populaire, nous appelons à nous libérer des outils du capitalisme contemporain – construction européenne, marchés financiers, traités de libre-échange, alliances militaires – afin de rouvrir le champ des possibles.

Sans prétendre à l’exhaustivité, voici quelques objectifs désirables que pourraient réaliser des citoyen.ne.s souverain.e.s, si nous nous en donnions les moyens : 

• Avec le retour à une monnaie nationale gérée démocratiquement, qui ne serait plus soumise aux conditions léonines de la BCE et des marchés financiers, nous pourrions investir massivement dans les services publics (hôpitaux, maternités, écoles, centres IVG…) pour les rendre gratuits, recréer des millions d’emplois et garantir le droit au travail et au salaire à vie (2). Une politique sociale ambitieuse nécessite donc de sortir de l’euro et des traités budgétaires, ainsi que de suspendre le remboursement de la dette aux marchés financiers. 

• Avec l’instauration de contrôles douaniers instaurant des normes sociales, sanitaires et environnementales sur notre territoire, nous pourrions interdire les produits toxiques (glyphosate, perturbateurs endocriniens…), relocaliser l’économie en favorisant les circuits courts et l’agriculture paysanne, faire notre part dans la lutte contre le changement climatique. Le sauvetage du climat et de notre santé nécessite donc la sortie du marché unique et de tous les accords de libre-échange. 

• Avec une diplomatie indépendante et libérée de la tutelle états-unienne, nous pourrions pacifier nos relations avec les États non-alignés, et soutenir les peuples opprimés (Palestiniens, Kurdes, Yéménites…). Le respect de la souveraineté des peuples exige également que la France cesse toute ingérence impérialiste dans ses anciennes colonies. La paix mondiale et l’instauration d’un nouvel ordre économique nécessite donc la fin de l’OTAN et de la Françafrique. 

• Avec l’instauration du référendum d’initiative citoyenne (RIC) en toutes matières et la restauration de la primauté du droit national pour rendre le RIC effectif, nous pourrions commencer à décider nous-mêmes de nos lois, sans plus nous en remettre à des institutions qui montrent chaque jour leur visage autoritaire et répressif.

Un strict contrôle des élu.e.s doit être instauré, avec la révocabilité et la limitation de leur rémunération au salaire médian (1 800 euros par mois). L’instauration de la première démocratie française nécessite donc la sortie de la Ve République et des traités de l’UE. Le contrôle des marchandises et des capitaux, condition préalable à toute politique écologique et sociale digne de ce nom, ne signifie pas qu’il faudrait restreindre la circulation des personnes. Au contraire, nous devons rompre avec les politiques migratoires criminelles. La violence d’État qui se déchaîne contre les gilets jaunes, et qui avait déjà été expérimentée dans les quartiers populaires, montre également l’urgence d’abroger toutes les lois liberticides de ces dernières décennies. Ainsi, pour nous, l’objectif d’une sortie de l’UE et du capitalisme n’est pas de restaurer les privilèges d’un État tout-puissant, mais de mettre le pouvoir entre les mains du peuple souverain. Il s’agit donc d’imaginer de nouvelles solutions et de s’en donner les moyens, en tirant les leçons des échecs passés. L’avenir est entre nos mains !

Le collectif des citoyens souverains

(1) Voir ici.

(2) Voir ici.

Publié dans
Tribunes

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