« On ne veut plus compter nos mortes »
Depuis l’été, des centaines de femmes parent les murs des villes de France de messages dénonçant les féminicides. Plus qu’un mode d’action, ces affichages sauvages rassemblent des féministes de tous horizons. Reportage.
dans l’hebdo N° 1582-1584 Acheter ce numéro

© Lena Bjurtröm
Le pinceau d’Anne passe et repasse sur le papier blanc. Une lettre par feuille, trois espaces, un message en quinze pages : « Pas une de plus ». Dans ce foyer du XIe arrondissement de Paris, une dizaine de femmes s’agitent autour des tables. Elles préparent les messages qu’elles iront coller sur les bâtiments de la capitale à la nuit tombée. Depuis cet été, des milliers de ces lettres noires sur papier blanc ont fleuri sur les murs des villes françaises pour dénoncer les féminicides.
Chafia, Stéphanie, Lucette, Caroline… Les prénoms des 142 femmes tuées par leur conjoint ou ex en 2019 (1) s’imposent aux regards des passants, comme les formules chocs qui disent la colère de celles qui, plusieurs nuits par semaine, parent les rues à la mémoire des disparues. « Plus écoutées mortes que vivantes », « Papa il a tué maman », « On ne tue jamais par amour », « Travailleuses du sexe assassinées = féminicide », « On ne veut plus compter nos mortes »… Au-delà des crimes conjugaux, ce sont les violences faites à toutes les femmes qui sont dénoncées.
À l’origine de cet affichage, Marguerite Stern, ancienne Femen. « Marguerite collait des messages chocs à Marseille sur des questions qui lui tiennent à cœur, raconte Pauline, étudiante en communication et membre de l’équipe d’organisation des colleuses parisiennes. Quand elle est revenue à Paris, elle a lancé cette initiative autour des -féminicides conjugaux sur les réseaux sociaux. » En quelques semaines, elles sont des dizaines puis des centaines à
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